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Chambr'Agri 14 - Novembre 2022

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Chambr'Agri 14 - Novembre 2022

La session Chambre revient sur la sécheresse 2022 : quels enseignements et perspectives ?

La table ronde réunit en fin de Session Chambre a débuté par un focus sur la situation du bassin virois, à l’aide de données factuelles présentées par Stéphane Berzinger, directeur technique de la Chambre d’agriculture du Calvados.

Quand le territoire connaît une pluviométrie moyenne de 900 mm sur 12 mois, au 30 septembre, seul 400 mm d’eau sont tombés, dont 100 mm sur le seul mois de septembre. Les services de l’État ont déclenché l’alerte renforcée sur le bassin virois le 22 juillet.

Devant la dégradation de la situation, un comité sécheresse dédié à ce territoire s’est mis en place fin août. Deux lacs réservoirs crées après la sécheresse de 1976, la Dathée et le Gast , ont permis de sécuriser l’approvisionnement en eau à la fois du virois et d’une partie du département de la Manche.

L’abreuvement des animaux constituait un sujet central des comités sécheresse. 80 % des volumes dédiés aux animaux sont assurés par des forages privés sur les exploitations. La Chambre d’agriculture, en lien permanent avec les services de la préfecture durant toute la période estivale a estimé que le besoin en eau des animaux se situe entre 5 000 et 6 000 mètres cube d’eau par jour. Un suivi hebdomadaire de la situation des forages a été mis en place sur un panel de 25 exploitations.

Au-delà de la sensibilisation déployée par la préfecture – demande d’économie de 20% aux industriels, interdiction de lavage des voitures… - des hypothèses de travail ont dû être approfondies dans le cadre du plan ORSEC : alimentation des habitants en bouteilles d’eau – 600 000 par jour pour 15 litres par personne, mise en place de camions citernes en provenance des territoires voisins, évacuation des cheptels de la zone…

Mathilde Vermes, agricultrice irrigante dans la plaine de Falaise a participé à l’ensemble des comités sécheresse en tant que présidente de l’OUGC 14-61. Elle partage avec Nicolas Declosmesnil, éleveur du bassin virois moteur du groupe d’éleveurs référents, le choc ressenti face à cette situation et les risques perçus sur la population, l’agriculture et le territoire.

Florence Richard, Directrice adjointe de la DDTM rappelle l’importance de capitaliser sur le retour d’expérience de cet épisode climatique, qui risque de se reproduire. La Chambre d’agriculture a remis un rapport au préfet le 21 octobre 2022 dans ce sens.

Lors de la table ronde, Laure Prinzbach, directrice du syndicat d’eau Vire Normandie, rappelle que quatre structures administratives interviennent sur l’alimentation en eau potable.

L’interconnexion des réseaux fait partie des pistes de travail souvent évoquées.

Nicolas Joyau, président d’Eau du Bassin Caennais présente la sécurisation et le maillage des réseaux comme l’un des chantiers à mener, mais rappelle que la priorité est d’évaluer la quantité d’eau qui sera disponible à l’avenir. L’augmentation tendancielle de la population sur le territoire d’une part, la fréquence accrue d’épisodes climatiques extrêmes décrite par les scientifiques (sécheresses longues, pluies torrentielles) d’autre part, « c’est le grand cycle de l’eau qu’il faut analyser » résume l’élu. Florence Richard le rejoint en présentant le projet de territoire et de gestion de l’eau – PTGE – qui réunira en 2023 les acteurs locaux concernés par cette problématique. Il s‘agit de mesurer les différents usages de l’eau à des fins de projections. Elle remarque à cette occasion que « le besoin en eau des élevages a peut-être été sous-estimé ».

Nicolas Joyau revient sur les inévitables conflits d’usage qui sont devant nous, avec des effets du changement climatique déjà observés comme la remontée de l’eau salé dans les captages. Les enjeux sont posés. Les pistes de travail restent à explorer, notamment l’utilisation systématique d’eau potable quelle que soit la finalité.

Nicolas Declomesnil évoque l’importance d’additionner actions globales et actions individuelles, telles que l’utilisation d’eau usée pour le lavage du matériel agricole, la captation d’eau via les toitures… Ce type d’investissements pourrait être soutenu par des  financements du Département ou de la Région. Mathilde Vermes évoque également la sélection variétale pour limiter les besoins en eau des cultures. Après des échanges avec la salle, faisant ressortir une prise de conscience généralisée, le Président Jean-Yves Heurtin clôt la séance en affirmant l’urgence de définir une politique volontariste, d’envergure et de long terme.

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Anne De Sainte Marie
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