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Ecorner mes vaches laitières ? Quelle drôle d’idée

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Bruno DORCHIES est éleveur laitier près de Lisieux (14). Pour lui, les vaches, c’est avec cornes, et le plus souvent possible à la pâture.

 

 

 

Une installation en plusieurs temps

C’est dans l’Eure que Bruno DORCHIES a commencé sa carrière, en 1992, avec 30 ha, 40 vaches normandes, 88 000 l de lait livrés et 80 000 l vendus en direct, sous forme de crème, beurre et fromage blanc. Son système était alors basé en partie sur le maïs, la pulpe…. Il continuera la vente directe de ses produits dans l’Eure jusqu’en 2005.

En 1995, il déménage au Mesnil-Eudes (14), sur une ferme de 40 ha, avec 35 vaches en libre-service. Une stabulation est construite, une salle de traite d’occasion y est installée. En 1999, il reprend 47 ha groupés au Mesnil Eudes : le développement du pâturage devient possible.

En 2009, la ferme passe en bio : « j’ai toujours été passionné par la nature, les animaux. Le bio m’a toujours tenté : j’aime les vaches qui pâturent, et pas le tracteur ».

En 2018, Bruno se met en GAEC avec son fils, sur 140 ha, avec 70 vaches traites. Il y a 2,5 UMO sur la ferme : 2 conjointes collaboratrices et 1 salarié (1 jour/semaine). Il y a 3 débouchés pour le lait produit :

  • 250 000 l sont livrés à la laiterie (Biolait)
  • 15 000 l sont vendus en direct, après transformation
  • Le reste sert à élever les génisses de renouvellement + 20 bœufs et 15 veaux gras croisés normandes/charolais. Les veaux gras consomment environ 2 000 l/tête et sont vendus à 5 mois, à 150 kgc, entre 7 et 8,5 €/kgc.

 

Conformément à la nouvelle règlementation bio en vigueur depuis janvier 2022, les veaux ont un accès extérieur pendant la période de pacage.

2 sites, 2 salles de traite, 2 laboratoires

Les vaches passent la saison de pacage sur l’un des deux sites, généralement à partir du 15 avril. Les 47 ha leur permettent de pâturer jour et nuit. La salle de traite (2 x 6 postes) est installée sous la stabulation qui permet d’abriter les veaux (avec un accès à l’extérieur), et de complémenter les vaches au besoin.

L’hiver, les animaux retournent sur l’autre site, où les fourrages sont stockés. 30 minutes (2 km) séparent les 2 sites. L’hiver, la ration des vaches se compose d’1/3 de foin de luzerne, de 2/3 de fourrages issus de prairies temporaires et d’1 kg de céréales.

Il y a un laboratoire de transformation sur chaque site, pour transformer 15 000 l/an.

Les vaches, ici, c’est avec cornes !

Depuis 2012, Bruno n’écorne plus : « Je n’aimais pas écorner, ça les faisait souffrir, et puis, une vache à cornes, c’est beau ! ». Bruno a suivi une formation en biodynamie qui a fini de le convaincre de l’intérêt de les conserver (entre autres pour réguler la pression sanguine).

Lors de la transition, l’intégration de génisses avec cornes dans un troupeau sans corne s’est bien passée. Pour conserver les cornes de ses animaux, le DAC et les logettes, peu adaptés aux bêtes à cornes, ont été supprimés pour laisser place à une aire paillée. « Depuis que j’ai supprimé les logettes, mes vaches n’ont quasiment pas vu le pareur » note l’éleveur. Et côté sécurité ? « J’ai très peu d’accident. Il y a parfois une blessure sur une vache ou deux, de temps en temps dans la mamelle, mais je le tolère. Je ne crains pas tellement pour ma sécurité. Mes vaches sont assez calmes et je les manipule assez peu ».

Selon Bruno, ce qui limite les risques de blessures avec les cornes, c’est d’avoir un troupeau souvent dehors, un bâtiment peu chargé en animaux et suffisamment de places au cornadis. Il faut aussi éviter tous les obstacles contre lesquelles les vaches pourraient se faire coincer. S’il n’écorne plus, il s’autorise l’épointage sur les cornes trop pointues, tordues ou sur les vaches à fort caractère. « Lorsque les vaches plus soumises ou malvoyantes sont sous la stabulation, elles ont plus de risques de se faire maltraiter par les autres : il m’arrive dans ce cas de les réformer précocement. »

 

  

Les animaux ne sont plus écornés depuis 2012

Pour en savoir + 

Conférence RDV Tech&Bio 2022 : Comment le bien-être animal peut être un atout pour mon élevage ?

Retrouver la réglementation bio sur l’écornage

L’importance des cornes chez la vache (FiBl)