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Être une femme à la tête d’une exploitation agricole

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Parcours du combattant ou parcours de réussite ?

 

 

Parce que l’égalité professionnelle concerne tous les secteurs et que les femmes représentent potentiellement une solution au problématique de renouvellement des générations en agriculture, les Chambres d’agriculture de Normandie s’intéressent aux parcours des femmes et leur intégration dans le métier de cheffe d’exploitation.

 

 

Une étude sur l’entreprenariat au féminin

Faciliter l’accès des femmes au métier de cheffe d’exploitation

Dans le cadre du Plan Régional de Développement Agricole et Rural, la Chambre régionale a lancé une étude sur les motivations des femmes cheffes d’exploitation et les difficultés auxquelles elles sont confrontées tout au long de leurs carrières.

Au préalable, l’étude s’est appuyée sur une analyse de données existantes et des entretiens exploratoires.
A terme elle a pour but de comprendre les spécificités des projets et des carrières des femmes cheffes d’exploitation, afin de les reconnaître et les soutenir dans leurs projets entrepreneuriaux.

En effet, la proportion de femmes dans la profession évolue peu et malgré les changements qui s’opèrent dans certains secteurs, l’agriculture comme de nombreux métiers marqués comme étant des métiers masculins ne parviennent pas à s’ouvrir et attirer des jeunes femmes.

Des métiers qui se féminisent mais pas l’agriculture…

Le taux d’activité des femmes augmente régulièrement depuis le milieu des années 1970 : en 2020, parmi les 15-64 ans, 68 % des femmes et 75 % des hommes participent au marché du travail (Insee, 2022). Depuis 1980, la part des femmes dans les emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures a doublé, pour atteindre les 43 % en 2020.

Depuis 30 ans, la plupart des métiers traditionnellement masculins se féminisent. Par exemple, les métiers d’ingénieurs et cadres de l’industrie (25 % de femmes), les métiers de cadres du bâtiment et des travaux publics (19 %) et les métiers de l’armée, police, pompiers (14 %). A contrario, la présence des femmes a diminué dans certains métiers, notamment dans l’industrie du textile et du cuir (68 % de femmes, contre 81 % il y a 30 ans).

L’indicateur de ségrégation professionnelle s’élève à 51,6 en 2013, ce qui signifie que pour aboutir à une répartition égalitaire des femmes et des hommes dans les différents métiers, il faudrait que 51,6 % des femmes ou des hommes changent de métiers. Après avoir été proche de 56 tout au long des années 1982-1997, cet indicateur a diminué ensuite assez régulièrement. Ceci traduit une légère tendance à l’homogénéisation de la répartition des femmes et des hommes dans les différents métiers (DARES, 2015).


 
Source : Insee, enquêtes Emploi 1982-2013 ; calcul Dares

Pourtant, bien que la proportion des femmes ait progressé depuis 40 ans pour atteindre 29 % des chefs d’exploitation et 32 % des actifs agricoles en Normandie, ces chiffres ne progressent pas depuis 2010.

Les femmes représentent 28 % des chefs d’exploitation et 27 % des agriculteurs accompagnés au sein de notre Point Accueil Installation

Les femmes représentent moins de 30 % de l’entrepreneuriat agricole

Elles accèdent au métier plus tardivement (31 ans contre 29 ans en moyenne pour les hommes), et sont plus nombreuses à s’installer après une reconversion professionnelle. En raison de ces vocations retardées, elles privilégient la formation continue et l’obtention d’un Brevet Professionnel de Responsable Agricole pour acquérir les compétences nécessaires à l’exercice de leur métier (26 % des femmes diplômées d’un BPREA contre 15 % des hommes).

Elles se tournent vers des projets plus singuliers ou innovants. Ainsi les femmes sont 41 % à avoir un projet Bio à l’installation, contre 22,66 % des hommes ; elles sont 45 % à avoir un projet en circuit court, contre 22 % des hommes.

Des difficultés sous-jacentes

Les femmes semblent rencontrer des difficultés différentes de celles des hommes : bien qu’elles représentent 48 % des élèves en enseignement, elles ne représentent que 23 % des apprentis !

De plus, à l’installation, les femmes obtiennent des prêts en moyenne 2 fois inférieurs à ceux des hommes, pour un investissement personnel semblable. Ces quelques chiffres questionnent.

Pourtant, ces femmes sont pleines de ressources ! Les pionnières ont permis de réelles avancées pour la reconnaissance des femmes en agriculture (statut juridique, évolutions sociales, représentation dans les instances professionnelles…) mais elles ont encore beaucoup la charge de l’intendance familiale ce qui constitue un véritable frein au développement de leurs projets.

Pourtant, elles le revendiquent, leur métier d’agricultrice est un véritable choix d’autonomie et d’accomplissement personnel qui leur permet de concilier vie de famille et vie professionnelle, au contact de la nature.


Claire Poussou & Céline Collet, Service Innovation Recherche développement
Chambres d’agriculture de Normandie