Miscanthus : l’implanter en bio, c’est possible !

Exploitant en AB depuis 2010, Jean Jacques PINGUET a décidé d’implanter une première parcelle de miscanthus de 2,5 ha en 2012. Un pari risqué, puisque le miscanthus est très sensible à la concurrence des adventices les premiers mois suivant l’implantation. Mais cela n’a pas freiné Jean-Jacques PINGUET qui a conçu une adaptation sur un ancien vibroculteur, en y soudant des couteaux d’une ancienne mélangeuse afin de créer un système d’aileron. Cet outil maison lui a permis de biner son miscanthus en trois passages. En 2015, il implante une nouvelle parcelle de 3 ha.

Une implantation délicate et coûteuse mais durable (20 à 25 ans)

Le miscanthus se plante entre fin avril et début juin après plusieurs faux semis, un labour et un à deux passages de herse rotative, dans un sol bien ressuyé et propre. On recherche une densité de 18 000 à 20 000 rhizomes / ha, dans un objectif de 15 000 plants / ha levés. Eviter les sols hydromorphes ou trop superficiels ; le miscanthus nécessite une profondeur de sol d’au moins 60 cm pour un bon développement. Il est planté à environ 8 cm de profondeur. De même, privilégier un précédent en culture annuelle ; le miscanthus est très sensible aux attaques de taupins. Le coût de l’implantation avoisine les 3 200 € / ha, comprenant les rhizomes et leur acheminement, ainsi que la plantation (tracteur + location de planteuse et main d’œuvre associée).

Vient ensuite le désherbage car même si le rhizome comporte déjà les bourgeons au moment de la plantation, le rang commence à se former 2 à 3 mois après l’implantation. Il est donc recommandé de passer la herse étrille tous les 10 à 15 jours selon les levées d’adventices et les conditions météo, au stade fil blanc, lors des premières semaines suivant l’implantation.

Une fois le rang formé (2 à 3 mois après la plantation), la bineuse prend le relai du désherbage avec plusieurs interventions au stade plantule des adventices à légèrement développées.

En fin de première année, le miscanthus est broyé laissant un mulch au sol qui assurera une couverture contre les levées d’adventices.

Ce n’est qu’à partir de la 2e voire 3e année que le miscanthus commence à être récolté avec des rendements qui augmentent progressivement et se stabilisent en 5e année environ. Jean-Jacques PINGUET a commencé à récolter son miscanthus dès la 3e année d’implantation.

La récolte

Le miscanthus est récolté fin avril lorsqu’il a atteint au moins 85 % MS, avec une ensileuse à grand bec. De plus, « il faut le récolter bien mâture pour éviter le risque d’échauffement, après la rosée et par temps sec » ajoute l’agriculteur. Le rendement avoisine 13 t brutes, soit 11 t MS chez l’agriculteur. La culture atteint facilement une hauteur de 4 m. La taille des brins récoltés se situe idéalement entre 2 et 3 cm. Le miscanthus étant léger ; 110 à 130 kg/m3, il est important de prévoir un volume de stockage suffisant ; 1ha occupe environ 30 m² sur 4 m de haut.

Plusieurs débouchés possibles

Valorisation en litière (notamment en substitution à l’achat de paille extérieure), alimentation d’une chaudière polycombustibles… Ces débouchés, les intérêts agronomiques et écologiques ainsi que l’intérêt économique du miscanthus par rapport à l’achat de paille vous seront présentés dans un prochain article.

Pour plus d’information

Fiche technique sur la culture et les filières de valorisation du miscanthus