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La première chaudière à balles de saule en France

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La chaudière de 300kW valorise la production des 3 hectares

Les conseillers énergie des chambres d’agriculture ont visité l'exploitation des époux Ronckier dans le Nord. Depuis juin 2014, une chaudière valorise les balles de saules cultivés sur l’exploitation.

La chaudière de 300kW valorise la production des 3 hectares de saules utilisés pour l'épuration des eaux blanches de l'exploitation. Tous les 3 ans et en un seul passage, le bioballer coupe et met en balle le taillis. Les balles sèchent naturellement.

Peu automatisée (allumage et alimentation manuelle), la chaudière s'intègre bien au fonctionnement de l'exploitation laitière, où le présence est quotidienne.

L’économie circulaire à l’échelle de l’exploitation

Les époux Ronckier transforment chaque année 500 000 litres de lait produit par leur 60 montbéliardes en fromages, beurre, crèmes glacées… En 2001, ils ont implantés 3 ha de taillis de saules pour épurer les eaux usées des ateliers de traite et de transformation : 7 m3 d’eau irriguent ainsi chaque jour la plantation en goutte à goutte.

Accompagné par la Chambre d’agriculture et par le Parc Naturel Régional, la famille Ronckier a réfléchi à la valorisation in situ de la biomasse produite. Le diagnostic Diaterre, réalisé en 2013, révélait que le chauffage de l’eau de traite, de la fromagerie, du magasin et de la maison consommait l’équivalent de 13 400 L de fuel par an soit 24% des dépenses énergétiques de l’exploitation.

Balle ou plaquette ?

M. Ronckier a préféré la mise en balle aux deux autres méthodes de récolte du saule : ensilage ou récolte en tiges entières puis déchiquetage.

Le biobaler, plus léger que l’ensileuse lui permet « d’accéder à la parcelle en hiver, de couper des bois d’un diamètre de 12 cm de diamètre quand l’ensileuse en autorise 7, et de disposer en un seul passage de balles facilement déplaçables et stockables ».

M. Ronckier récolte 120 balles de 1.20m X1.20m par ha tous les 3 ans. Les balles sèchent en 4 mois en extérieur pour atteindre 185 kg à 30% d’humidité. Un hectare produit ainsi l’équivalent de 2500 L de fuel par an. La chaufferie à balle permettra d’utiliser des ressources complémentaires (miscanthus, pailles, rémanents forestières) pour atteindre l’autonomie énergétique.

Des ressources qui auraient difficilement pu être valorisées dans le cas d’une chaudière à plaquettes.

Simplicité

La chaudière danoise retenue a été conçue avec le minimum d’automatisme pour en réduire le coût (80 k€ pour 300 kW) et les risques de panne. L’ouverture de la chaudière se fait manuellement. La cuve à combustion est composée d’un bac acier cintré et de briques réfractaires. Sa contenance correspond au volume d’une balle carrée ou ronde.

Un ballon d’eau est situé juste au-dessus de la cuve à combustion. Le cendrier, manipulable avec la fourche du tracteur jouxte la chaufferie.

Une installation clé en main

La chaufferie de 300kW a été livrée par un camion muni d’une grue. Le chauffeur a réalisé lui –même le montage dans la journée sur une dalle béton préalablement coulée (6*3m) et équipée de l’arrivée d’eau, et du réseau de chaleur.

Un automate régule la combustion et la distribution d’eau. Connecté à internet, il permet le suivi, et si besoin l’optimisation du fonctionnement depuis le Danemark.

Gazéification et accumulation

Cette chaudière a la particularité de fonctionner par gazéification et accumulation. La balle chargée au télescopique est allumée manuellement. Après 15 minutes de combustion (115°C), un ventilateur appauvrit l’air en oxygène. La combustion laisse alors place à la gazéification : la biomasse est transformée en gaz. 18 000 L d’eau sont chauffés en 12h30 (4h30 de combustion et 8h de descente en température). L’énergie stockée dans le ballon tampon alimentera le réseau jusqu’à l’allumage suivant.

Le surdimensionnement volontaire du foyer en vue du développement futur de l’activité est rendu possible par ce système d’accumulation. En attendant, il permet  d’espacer la fréquence de chargement (1 balle ½ par jour en hiver).

Une contrainte plus facilement intégrable sur une exploitation laitière où la présence est quotidienne. L’importateur de la chaudière précise « qu’avec ce procédé, aucun mâchefer (vitrification des cendres) n’est produit, même avec des combustibles plus riches en silice que le bois (paille, miscanthus, écorce...).

Le taux de particules des fumées se situe trois fois sous le seuil de la norme et la production de cendres est minime : 1L par balle de saule.

Produire son propre combustible

Michel Galmel produit lui-même son combustible. Il cultive sur son exploitation 7,5ha de miscanthus implantés en 2008 et 2009. Une partie est en contrat avec la coopérative de déshydratation pour la production de litière équine et l’autre est autoconsommée en combustible.
La récolte est effectuée par l’entreprise UCDV, à l’aide d’une ensileuse à maïs classique. Elle est facturée 460 €/ha, transport compris. Le rendement sur les parcelles de l’exploitant s’élève à environ 5.5 TMS/ha la première année et 8 TMS la deuxième année. La production autoconsommée est stockée dans un hangar, loué par l’exploitant, qui alimente tout au long de l’année le silo de sa chaudière.

Sur l’hypothèse d’un potentiel de rendement de 13 TMB récoltées par an/ha, le coût de revient complet du combustible lissé sur 20 ans est estimé à 110 €/T (Prix de revient sur pied 60€/T – récolte/stockage 50 €/T - source CA27) soit 27 €/MWh.

Un fonctionnement simple

Après avoir suivi une formation auprès de la Chambre d’agriculture et visité différents sites, le choix de M. Galmel  s’est avant tout basé sur des critères de prix et de simplicité d’usage :

  • conception simple,
  • automatisme de gestion des cendres,
  • dispositifs pour éviter le mâchefer (fond mouvant).

Le ramonage de la cheminée est réalisé une fois par an et les cendres sont évacuées automatiquement. En cas de dysfonctionnement, un dispositif avertit immédiatement l’utilisateur par SMS. Un seul regret, le service après-vente peu réactif a conduit M. Galmel à s’autoformer à la régulation de sa chaudière. Une régulation d’autant plus pointue que la chaudière est utilisée l’été en sous-régime pour fournir l’eau chaude.

La chaudière est alimentée par l’intermédiaire d’un silo de 100m3 construit à cet effet qui permet de stocker 12 T de miscanthus en vrac, soit la consommation moyenne de 5 mois. Il est rempli à l’aide d’une benne à fond mouvant. Un dessileur rotatif de 4.5m de diamètre et une vis sans fin assurent le transfert du combustible vers la chaudière.  Le tas de miscanthus est poussé vers le dessileur à l’aide d’un télescopique environ toutes les 3 semaines en période de grand froid.

Un retour sur investissement en 12 ans

L’installation globale a coûté 80 k€, main d’œuvre, radiateurs et silos compris, dont 41 k€ d’équipement en chaudière et réseau. Accompagné par le conseiller énergie de la Chambre d’agriculture dans sa démarche, M. Galmel a par ailleurs pu bénéficier d’une aide de 9500 € dans le cadre du Plan de Performance Energétique. L’économie réalisée sur le combustible 7 605 € permet de financer l’investissement en 12 ans.

Coût annuel AVANT (TTC)Coût annuel Miscanthus
Fuel9 655 LMiscanthus (110 €/T)29.5 T
Electricité8 276 kWhTOTAL Combustible3 245 €
Bois18 stèresAnnuités (12 ans - 4 %)7 605 €
TOTAL Combustible10 850 €Total10 850 €

 

Bénéficiant d’un magasin plus grand et bien chauffé, l’exploitation peut recevoir davantage de groupe et développer son activité. Côté émission, le projet permet d’économiser annuellement près de 35 T de CO2, c’est l’équivalent  du rejet de 18 voitures roulant 15 000 km /an.

Riche de son expérience, M. Galmel souhaiterait aujourd’hui promouvoir le développement de ce type de chaudière auprès des collectivités. La faible consommation d’intrant de la culture pérenne du miscanthus pourrait être un atout pour combiner enjeux énergétiques et préservation de la qualité de l’eau. " Avec une énergie de proximité, c’est aussi l’occasion consolider l'activité de petites exploitations et de rapprocher la campagne et la ville " ajoute-t-il.

 

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