Les digestats

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Le digestat est un produit homogène et stabilisé. Il est issu du processus de méthanisation des matières organiques.

Différents types de digestats

Il existe plusieurs types de digestat en fonction de la technologie utilisée et des pré- et post-traitements effectués.

La voie liquide

Voie la plus courante, elle produit un digestat brut qui peut subir une séparation de phase, par presse à vis ou centrifugation, afin de produire un digestat liquide et un digestat solide :

  • Le digestat liquide après séparation de phase

Il a une action similaire à un engrais organo-minéral liquide. Il est donc assimilable plus facilement et plus rapidement par les plantes si on le compare avec l’épandage de fumier ou de lisier (notamment concernant l’azote). 

► En savoir + Résultats d'expérimentation : Epandage de digestat, lisiers et valorisation de l’azote sur culture de blé.

  • Le digestat solide après séparation de phase

Il présente une teneur en matière sèche de 20 à 25%. Il a une action similaire à un amendement de fond.

La voie sèche

Le digestat solide provenant de cette technologie se comporte comme un amendement de fond.

Il peut être épandu à l’aide d’un épandeur à fumier ou bien subir un post traitement tel que le séchage ou le compostage.

Différents types de digestats

Devenir de l'azote lors du processus de méthanisation et de la séparation de phase

Intérêts du digestat

  • Atténuation des odeurs : par rapport aux matières entrantes, le digestat, du fait de la dégradation des matières organiques facilement dégradables responsables des nuisances olfactives (acides gras volatils), est peu odorant.
  • Réduction significative des germes pathogènes (et des graines d’adventices).
  • Conservation de la valeur amendante : la fraction ligneuse de la matière organique est non dégradée durant le processus, on conserve l’humus
  • Amélioration de la valeur fertilisante azotée : maintien des éléments N, P, K dans le digestat. L’azote se retrouve majoritairement sous forme ammoniacale, il est donc utilisable plus rapidement par les plantes.
  • Fluidification du produit : le digestat liquide offre une meilleure pénétration dans le sol, il est homogène et facilement épandable surtout après séparation de phase.

Points d’attention

Azote sous forme ammoniacale : sous cette forme, l’azote est plus volatile. Il est nécessaire de couvrir les fosses de stockage du digestat et de favoriser un épandage avec enfouissement, ou a minima avec pendillards en évitant les journées trop chaudes, ensoleillées, venteuses.

Certains éléments (doses, matériel d’épandage…) sont à prendre en compte pour :

  • valoriser au maximum les éléments fertilisants du digestat, 
  • permettre une réduction des apports d’engrais de synthèse sur les cultures.

►En savoir + : Panneau Valorisation digestats

Réglementation

Le digestat est, par définition, un déchet soumis à plan d’épandage.

Sous réserve d’homologation ou de respect d’une norme il peut être considéré comme un produit : 

Pour être mis sur le marché, le produit doit prouver son efficacité, son innocuité et la production doit être constante. Le producteur du digestat est responsable de celui-ci jusqu’à la mise sur le marché.
Le digestat peut être valorisé en épandage agricole à condition qu’il ne présente pas de risques et qu’il ait une réelle valeur agronomique.

Le producteur du digestat est responsable de celui-ci et de son incidence sur le milieu.

Le cahiers des charges CDC Dig : une alternative au plan d’épandage pour la valorisation du digestat

Le 22 octobre 2020, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a promulgué un arrêté relatif au cahier des charges CDC Dig.

Cet arrêté offre une nouvelle opportunité quant à la gestion du digestat par les exploitants d’unités de méthanisation.

Sous respect des critères que le CDC Dig précise, l’exploitant ne sera plus obligé de passer par un plan d’épandage pour le retour au sol de son digestat. Ces critères viennent en complément du respect des règlementations applicables aux unités de méthanisation : règlementation ICPE et sous-produits animaux.

Les principaux critères du cahier des charges sont précisés ci-dessous :

La typologie du procédé

Seuls les digestats issus de procédés en voie liquide infiniment mélangée ou en voie sèche discontinue sont concernés par le CDC Dig.

Les matières premières autorisées et leurs proportions

Les matières premières autorisées sont : 

  • Effluents d’élevage.
  • Lait et produits dérivés.
  • Denrées alimentaires animales ou d’origine animale issues des industries agroalimentaires (transformées et non retirées pour raisons sanitaires).
  • Aliments pour animaux.
  • Matières issues du traitement des eaux résiduaires des industries agroalimentaires.
  • Matières végétales agricoles brutes, jus d’ensilage issus de silos.
  • Biodéchets exclusivement végétaux issus de l’IAA.
  • Déchets végétaux de jardins ou d’espaces verts.
  • Additifs améliorant les performances de méthanisation (enregistré et de concentration < 5 % du poids total des entrants). 

 

Certains des intrants doivent représenter une part minimale de la ration :

Obligation 1Obligation 2
Effluents d’élevage
≥ 33 % de la masse brute des intrants totaux
Effluents d’élevage + Matières végétales agricoles brutes
≥ 60 % de la masse brute des intrants totaux

 

Aucune dérogation n’est possible à la pasteurisation/hygiénisation dans le cas où le site réceptionne : un tonnage annuel entrant de lisier supérieur à 30 000 tonnes ou une provenance supérieure à 10 élevages. 
Par ailleurs, dans le cas de l’utilisation de déjections de volailles ou autres oiseaux captifs, un délai de 60 jours minimum entre la sortie des déjections du bâtiment d’élevage et l’épandage du digestat doit être respecté.

Le procédé

Les paramètres de digestion autorisés sont variables selon que le procédé réalisé soit en conditions mésophiles ou thermophiles. Les projets agricoles se réalisant très souvent en conditions mésophiles, seules les exigences relatives à ces dernières sont indiquées ci-dessous : 

  • Température : de 34 à 50°C.
  • pH : entre 7 et 8,5.
  • Temps de séjour moyen : 50 jours minimum.
  • Digestat : brut ou séparation de phase possible.

 

Système de gestion de la qualité

La mise en place un plan de procédures basé sur la méthode HACCP est indispensable. Ce plan est tenu à jour et mis à disposition de l’administration.

Contrôles

La production du digestat doit répondre à la logique de lot : un lot correspondant à la quantité de digestat produite dans des conditions similaires et sur une période définie par l’exploitant ne pouvant excéder 1 an.
La conformité de chaque lot doit être contrôlée au regard des seuils de l’arrêté portant sur :

  • Les micro-organismes pathogènes.
  • Les éléments traces métalliques.
  • Les composés traces organiques (HAP).
  • Les impuretés et inertes (plastique, verre, métal).

Le nombre d’analyses à réaliser est fonction de la quantité annuelle de digestat produite.   

Traçabilité

Différents documents de traçabilité doivent être produits et tenus à la disposition de l’administration :

  • Registre d’entrée des matières premières.
  • Registre des produits et des départs.

Mise sur le marché du produit et conditions d’emploi

Le digestat conforme au CDC Dig est une matière fertilisante livrable uniquement en vrac. Le mélange avec une autre matière fertilisante ou un support de culture n’est pas autorisé.

Conditions d’utilisation du produit

Cultures principales et intercultures autres que maraichères, légumières fourragères ou consommées cruesToute l’année
Avant le travail du sol et/ou implantation de la culture : épandage avec enfouissement immédiat
Pour fertiliser une culture en place : épandage avec un système de pendillards ou enfouisseurs (pour la partie liquide)
Prairie (destinées à la fauche ou pâturée) et cultures principales fourragères ou intercultures fourragèresToute l’année
Avant implantation de la prairie : épandage avec enfouissement immédiat
Pour fertiliser une prairie en place : épandage avec un système de pendillards ou enfouisseurs (pour la partie liquide)

 

► En savoir + : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042506471

Règles d’épandage

L’épandage de digestat est soumis à plusieurs règles relatives à :

  • La distance d’épandage des habitations, des lieux accueillant du public et des cours d’eau.
  • Au matériel d’épandage utilisé.
  • A la durée entre l’épandage et l’enfouissement du digestat.

Des règles supplémentaires sont à respecter en cas d’épandage en zones vulnérables voir Directive Nitrates

En savoir + sur ces règles d’épandage :  Panneau Règles épandage.

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