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Résultats d'essais 2022

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Les essais culturaux en AB sur la Normandie : l’essentiel des résultats 2022

Les Chambres d’agriculture de Normandie ont conduit de nombreux essais en agriculture biologique dans le domaine des cultures et fourrages en 2022 : en voici les principaux résultats.

Techniques sans labour, associations de cultures, espèces et variétés adaptées aux conduites bio, fertilisation avec de l’azote organique… : les questions sont nombreuses ! Merci aux agriculteurs qui accueillent ces essais et ces bandes de démonstration, indispensables à l’acquisition de nouvelles références, merci également aux conseillers qui les suivent !

1 - Sans Labour en AB : bilan de 4 années de suivi sur la ferme vitrine Reine Mathilde

Objectif : comparer deux conduites de travail du sol, Labour et Sans Labour, appliquées à 2 rotations (1 rotation type élevage et 1 type cultures)
 

1 essai à Tracy-Bocage (14). Maintenant 2 bandes de culture, conduites avec et sans labour depuis 4 ans
 

Ce qui est confirmé après 4 ans de suivi, dans la partie sans labour :

  • Il y a plus de vivaces
  • Elle est plus sensible aux conditions météo
  • La bonne destruction de la prairie est primordiale pour la suite
  • La rotation est essentielle pour réussir à cultiver sans labour : les rotations qui ne permettent pas de bien gérer le salissement sont à éviter (par exemple la succession maïs puis méteil fourrager puis maïs)
  • La stabilité structurale est meilleure sur la partie sans labour

 

Les impacts très variables :

  • La consommation de carburant est moindre en sans labour, sauf en première année quand il faut passer de nombreuses fois pour détruire la prairie
  • Les marges semi-nettes pluriannuelles sont sensiblement les mêmes, sauf la première année de destruction de la prairie
  • La biomasse microbienne est plus importante en sans labour
  • 4 ans ne suffisent pas pour voir si le sans labour est bénéfique sur le stockage de carbone

 

Les impacts inattendus dans la partie sans labour :

  • Les vers de terre sont moins présents
  • La couverture permanente du sol ne permet pas de gérer les vivaces
  • La vigueur des cultures semblait supérieure

2 - Fertilisation sur blés dans des systèmes sans élevage : l’azote organique est rarement valorisé

Objectif : trouver des alternatives aux fientes de volailles

Dans l’Eure, 12 modalités de fertilisants organiques testées

● Contexte : parcelle avec d’importants Reliquats Sortie Hiver (RSH).

● L’essentiel 2022 :

  • Beaucoup de modalités fertilisées perdent environ 200 € de marge brute/ha par l'absence de réponse aux apports.
  • Les apports qui ont permis d’augmenter la marge brute :
    • 60 U de fumier de bovin à l’automne
    • 95 U de feuilles de luzerne (2 ha de luzerne nécessaires pour fertiliser 1 ha)
    • Le Blue N permet un gain modeste de 3 q/ha ici, mais réduit les marges dans les départements voisins.
    • La féverole, avec seulement 2 pieds/m², associée au blé, a permis un gain de protéines de 0.5 point.
  • Cette année, pas de verse observée en combinant le fort RSH et les apports azotés, ni de salissement plus important.
En Seine-Maritime, 2 essais sur les types de fertilisants organiques
  • L’essentiel 2022 :
    • 11 différents apports, dont avec luzerne fraîche, ont été faits du stade épi 1 cm (montaison pour le Blue N) : aucun effet significatif par rapport au témoin.
    • 6 apports combinant forme et fractionnement de l’azote organique : aucun effet significatif par rapport au témoin.
      • Le témoin : 53 q/ha
      • Avec le Blue N (biostimulant) : 52 q/ha
      • Avec le FRASS (déjection de vers de farine) : 51.3 q/ha
         

Bilan sur l’ensemble des essais fertilisation azotée du blé en 2022 :

    → L’efficacité de l’azote organique est faible : il faut apporter au minimum 8 UN supplémentaires pour gagner 1 q. Dans les situations les moins efficaces, malgré un apport, on ne voit pas d’effet sur le rendement.

    → Fractionner n’a pas permis de voir un effet significatif sur la teneur en protéines.

    → Les effets des engrais organiques ne sont pas généralisables : la décision de fertiliser ou non doit être étudiée pour chaque parcelle, en fonction des facteurs limitants qu’elle présente.


3 - Trois biostimulants sur blé : pas d'effet mesuré

1 essai à Combray (14)

  • Apports par traitement des semences de blé, avant maïs
  • L’essentiel 2022 :
    Les apports de FREE N, FREE PK et VITAMIN n’ont pas permis de gagner en rendements par rapport au témoin sans traitement, ce qui corrobore une récente synthèse nationale d’Arvalis sur le sujet.

    4 - Sursemer des légumineuses sous couvert de blé : avantage au trèfle blanc nain par rapport à la minette

    Objectif : optimiser la couverture du sol et gagner en autonomie sur la fertilisation azotée

    1 essai à Cahagnes (14)
     

    Itinéraire technique : semis du blé d’hiver, semis du trèfle et minette en février 2021 à la herse étrille puis roulage, récolte du blé. Trèfle et minette ont couvert le sol après le blé et ont été détruits fin mars 2022.


    L’essentiel 2022 :

    • Le trèfle blanc nain a mieux couvert le sol avec 2,5 t MS/ha que la minette avec 0,1 t MS/ha (elle est censée être moins agressive que le trèfle blanc nain).
    • Les RSH en mars 2022, après 11 mois de présence des légumineuses de couverture, et ce avant libération de l’azote qu’elles contiennent, étaient d’environ 20 U derrière la minette et en moyenne 65 points derrière le trèfle blanc nain.

    5 - Criblage de variétés de blés : une synthèse de 5 ans d’essais caractérise les variétés phares

    Objectif : comparer et visualiser le comportement d’une diversité de variétés de blés, fourragers et meuniers.


    12 essais conduits de 2018 à 2022 dans le Calvados, l’Eure et la Seine-Maritime, dont 5 essais récoltés en 2022.


    L’essentiel :

    • Éviter les variétés les plus sensibles à la rouille jaune comme Togano, LD Voile, Rubisko, Hanswin, Energo, Alessio… Elles souvent touchées dans nos essais.
    • Dans le contexte actuel d’écarts de prix de vente entre blés meuniers et fourragers, un bon blé fourrager (47-50 q/ha) peut être aussi rentable qu’un bon blé meunier à 40 q/ha. Il peut y avoir 10 à 15 q/ha d’écart de rendement entre les blés les plus productifs et les plus riches en protéines.
    • Viser les variétés de compromis (rendement et protéines) reste une bonne stratégie : Christoph, Graziaro, Izalco CS (variété très précoce), Lennox (alternatif et résistant au froid), Apexus… Les mélanges de plusieurs variétés répondent aussi à cet objectif.
    • Parmi les plus riches en protéines : Wendelin ressort bien, mais également Wital, et la nouveauté Rosatch.
    • Parmi les profils productifs avec peu de protéines : Geny, Gwenn
    • Émotion est une bonne variété agronomiquement parlant, mais ne se panifie pas bien.

    6 - Quelles variétés de blé de printemps semer ?

    1 essai sur Bernay (27), après maïs grain
     

    L’essentiel 2022 :

    • Moyenne de l’essai : 35 q/ha à 11 % de protéines
    • Diavel fait un peu plus de protéines que la moyenne, à rendement égal
    • SU Tarrafal est plus productive : + 6 q/ha par rapport au rendement moyen de l’essai
    • Mossette (alternatif) est prometteur par son bon profil rouille jaune et protéines (résultats à confirmer en pluriannuel)

    7 - 5 variétés de triticale en tête de peloton

    Objectif : Comparer et visualiser le comportement d’une diversité de variétés de triticale
     

    1 essai à Combray (14)

     

    L’essentiel 2022 :

    • Le triticale est plus productif que le blé en 2022 (+ 10 q/ha en moyenne). Il couvre, il est vert, il est beau. Le triticale est rarement cultivé en pur : il est souvent associé à des féveroles ou des pois.
    • Parmi les variétés les plus intéressantes (hautes, couvrantes, peu malades et productives) : Ramdam, Lumaco, RGT Rutenac et Kitesurf. Brehat (alternatif) est également très bon cette année.
    • Malgré la mauvaise levée de certaines variétés (moins de 20 % de levée), les rendements frôlent la moyenne : le triticale a la faculté de bien se rattraper.

    8 - Densité de semis du blé : en terre saine, inutile de semer plus de 400 grains/m²

    Objectif : tester les fortes doses de semis et leur conséquence sur le rendement
     

    1 essai à Combray (14)
     

    L’essentiel 2022 :

    Le gain de rendement à 500 grains semés/m² (+ 1,7 q/ha) ne couvre pas le surcoût lié à la semence. En bonnes conditions, à partir du 10 novembre, la densité de 400 grains/m² reste un excellent compromis.


    9 - La lentille supporte mal la herse étrille

    Objectif : désherber mécaniquement la lentille
     

    Nombre d’essai : 1 dans l’Eure
     

    L’essentiel de 2022 :

    Même en parcelles sans cailloux, et malgré l’intervention à un stade préconisé (6 feuilles), la lentille supporte assez mal la herse étrille.
    Ainsi, il est préférable de se baser sur d’autres leviers :

    • l’associer à la caméline
    • éviter les précédents salissants (soja…)
    • envisager un hersage à l’aveugle si la caméline est suffisamment terrée
    • biner si la pierrosité et l’écartement le permettent
    • écimer si la flore est compatible (par exemple, la cible morelle ne le permet pas)

    10 - Le sorgho fourrager hybride multicoupe s’associe bien avec le trèfle d’Alexandrie

    Objectif : optimiser la valeur alimentaire du sorgho par l’emploi de variétés munies du gène BMR (plus digestes que les non BMR) et par l’association avec des légumineuses
     

    1 essai pendant 3 ans à Formigny (14), 4 modalités avec ou sans trèfle d’Alexandrie
     

    L’essentiel :

    • Le BMR est meilleur en valeur alimentaire (1.04 UFL) que le non BMR (0.91 UFL).
    • On privilégie 2 coupes quand le sorgho mesure 90 cm à 1m de haut.
    • L’association avec le trèfle d’Alexandrie permet d’améliorer la MAT du fourrage : de 8-9 % de MAT en pur, le mélange monte à 11-19 % MAT selon la part de trèfle dans le mélange.
    • Le rendement en 2 coupes du sorgho associé était de 7 tMS/ha (en année fraîche) à 8,5 tMS/ha (en année chaude), contre 3 à 8 tMS/ha, respectivement, en culture pure.
    • L’association avec trèfle permet de lisser le rendement (70 % de trèfle en 2021 – 20 % de trèfle en 2022).
    • L’association de 24 kg/ha sorgho + 8,5 kg/ha de trèfle d’Alexandrie fonctionne bien.

      11 - Associer céréales et protéagineux pour l’élevage ou la vente : rendement sécurisé entre 35 et 50 q/ha

      Objectif : tester plusieurs doses de semis au sein des associations céréales et protéagineux, et en particulier le renforcement des doses de céréales pour orienter la composition de l’association vers plus de céréales.

       

      1 essai à Combray (14)

       

      L’essentiel 2022 :

       

      Association seméeRendement totalRendement décomposé

      triticale + féverole 290 + 18 grains/m²

      54 q/ha44 q triticale + 10 q féverole

      triticale + féverole 80 + 50 grains/m²

      37 q/ha19 q triticale + 18 q féverole

      triticale + pois fourrager 300 +10 grains/m2

      55 q/ha48 q de triticale + 7 q de pois

      blé + pois fourrager 300 + 10 grains/m²

      50 q/ha44 q de blé + 6 q de pois

      féverole + pois fourrager Assas 40 + 10 grains/m²

      36 q/ha35 q en féverole + 1 q pois

       

      L’association féverole + pois fourrager qui produit 36 q/ha est économiquement intéressante grâce au cours actuel de la féverole et à la prime protéagineux.

       

      Le renforcement au semis de la dose de céréale conduit à une concurrence plus forte envers le protéagineux, et ainsi à une proportion plus forte de céréales dans le mélange récolté.

       

      Pour implanter ensuite une céréale sans azote organique, seuls les mélanges pois + féverole ainsi que celui avec 80 graines de triticale + 50 grains de féverole sont des précédents intéressants.

       

      Amandine GUIMAS et Thierry METIVIER

      Conseillers en Agriculture biologique

      Chambres d’agriculture de Normandie

       


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