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Colza associé

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La technique du colza associé consiste à semer, de façon précoce et idéalement simultanée, le colza associé à des légumineuses (pure ou en mélange) annuelle (souvent gélives) ou pluriannuelle (pour maintenir un couvert permanent).

Le couvert associé est choisi pour les bénéfices qu’il apporte et sa capacité de cohabitation avec le colza. Notamment dans l’objectif :

  • D’améliorer la nutrition azotée et le fonctionnement du colza,
  • D’accroître la concurrence de la culture vis-à-vis des adventices,
  • De contribuer à limiter les dégâts d’insectes d’automne,
  • De contribuer à la fertilité du sol.

Cette pratique est probablement l’association la plus abondamment étudiée, aujourd’hui bien maîtrisée et réussie partout en france.

Les résultats varient selon les régions. Les bénéfices sont les plus élevés dans le grand centre-ouest de la France et les moins élevés au Nord-Est où le climat peut être défavorable à la croissance de plantes de services à l’automne.

Cette pratique permet de répondre aux piliers “diversification” et “couverture du sol”.

 

Une pratique recensée dans les 4 régions du projet CAPISOL

91 expériences ont été enquêtées en Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Occitanie mettant en lumière les atouts et les faiblesses de la pratique du point de vue des agriculteurs.

Le colza associé est largement répandu parmi les agriculteurs qui pratiquent l’agriculture de conservation puisqu’elle représente 19% des pratiques recensées.

Elle est très répandue au Nord, en Normandie et Pays de la Loire, mais des expériences ont été enquêtées en Occitanie.

Les espèces associées au colza sont en grande majorités des Trèfles (Trèfle blanc, Trèfle blanc nain, Trèfle violet, trèfle d’Alexandrie) mais on rencontre également beaucoup de Fèverole, Luzerne, lentille, Fenugrec et plus rarement du Pois, vesce, lotier, chia, niger, Sarrasin, lin.

Les enquêtes agricoles ont également permis de recenser d'autres pratiques d’association de culture plus minoritaires.

Environ 17 pratiques traitent de betterave, de pois ou de lentilles associées.

Les agriculteurs relèvent un certain nombre de réussites et de points de vigilance :

Points forts

Points faibles

Selon ces enquêtes, les bénéfices attendus (azote, fertilité, ravageurs, adventices) ne sont pas mesurés par les agriculteurs la plupart du temps.

[+] Néanmoins, ils observent que le colza associé permet d’améliorer le rendement et la rentabilité du colza. Ils sembleraient confirmer que l’association de légumineuses au colza permet d’économiser des intrants, ils observent notamment une baisse d’IFT liée à une moindre pression en ravageur même si ce bénéfice semble mitigé.

Le colza associé est également apprécié car il permet d’augmenter la diversité cultivée et la mise en place d’un couvert qui peut facilement être maintenu en couvert permanent par la suite et éventuellement économiser une intervention pour le semi du couvert.

[-] Pourtant, en ce qui concerne les économies d’azote, ils sont très partagés, certains annoncent un bénéfice quand d’autres affirment ne pas faire d’économie.

La gestion des adventices est, quant à elle, jugée très négative. Les agriculteurs observent une forte concurrence du couvert sur la culture, une gestion compliquée des adventices, en raison d’un choix plus restreint d’herbicide.

De plus, ils déplorent un prix coût de semences plus élevé, une destruction aléatoire du couvert par le gel et un besoin de suivi plus important.

 

De nombreuses expérimentations des couverts au sein des Chambres d’agriculture

Des bénéfices vérifiés

  • Améliorer la nutrition azotée et le fonctionnement du colza

En association avec une ou plusieurs légumineuses, le colza bénéficie d’un meilleur statut azoté à l’entrée de l’hiver dû à une meilleure absorption.

De plus, la destruction éventuelle du couvert par le gel permet une restitution d’une partie de l’azote des légumineuses au printemps et une meilleure efficience d’utilisation de l’azote minéral. La croissance de 2 systèmes racinaires complémentaires permet au colza de mieux s'implanter et d’améliorer l’absorption de l’azote : cet effet est particulièrement attendu dans les systèmes avec des sols superficiels (types argilo-calcaires...) ou avec des itinéraires techniques en semis direct.

Le rendement du colza est maintenu avec moins d’azote et permet d’économiser 20 à 40 unités d’azote selon les cas. La technique des couverts associés au colza est, par conséquent, très bien adaptée dans des systèmes caractérisés par un déficit en azote, l'intérêt sera plus limité ou hétérogène dans les situations où l’azote n’est pas limitant au semis (sols profonds, apports de fertilisants organiques, précédents protéagineux, reliquats post-récolte élevés).

  • Accroître la concurrence de la culture vis-à-vis des adventices

Le colza est une culture assez compétitive et relativement nettoyante, néanmoins, on observe un impact favorable sur le contrôle des adventices, notamment les dicotylédones, de l’association avec un couvert.

Le supplément de biomasse produite et la complémentarité des ports permettent de limiter fortement la croissance des adventices en les privant de lumière. Un effet plus ou moins visible selon les espèces (préférez les lentilles, vesce, trèfle d’alexandrie…) et selon la biomasse totale produite.

  • Contribuer à limiter les dégâts d’insectes d’automne

On peut observer un effet direct de réduction du nombre de larves d’altise sous réserve d’une biomasse des couverts suffisante (supérieure à 200g/m² en entrée de l’hiver).

De plus, en améliorant la vigueur du colza (notamment à l’automne), la présence de couvert améliore indirectement sa résistance aux ravageurs.

 

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Adaptation des ITK

Implantation

Le colza étant très peu compétitif pour l’eau et la lumière en début de cycle (jusqu’au stade 4 feuilles), il se développera donc mal si semé sous couvert vivant. En revanche, le couvert implanté en même temps que le colza présente moins de risques de compétition et peut être éventuellement maintenu par la suite comme couvert permanent.

On préfèrera un semis précoce pour favoriser un développement suffisant des plantes compagnes avant l’arrivée des premiers froids. Il convient généralement de bien anticiper le semis, dès le mois d'août. Les dates de semis optimales peuvent varier d’une région à l’autre. Il est conseillé de semer avant le 20 août dans le Nord de la France, le Sud pouvant se permettre des dates de semis un peu plus tardives du fait de températures plus douces à l’automne.

Quelle que soit la situation, il est conseillé de semer tôt et idéalement avant une pluie annoncée de manière à obtenir une bonne levée dès début septembre.

Désherbage

Si le couvert associé est censé permettre de réguler le développement d’adventices et permet de diminuer son IFT, il peut être risqué de ne se baser que sur cette technique pour gérer les adventices de la parcelle, d’autant que les retours des agriculteurs enquêtés sont très mitigés sur ces deux points.
En revanche, l’utilisation d’herbicide entraîne des risques de phytotoxicité sur les couverts de légumineuses. D’une manière générale, cette technique est déconseillée dès que les pressions en dicotylédones sont importantes car les doses de produit nécessaires sont trop importantes pour que les couverts survivent. 

De manière générale, pour les produits qui le peuvent, il est préférable de les appliquer en post-levée précoce. En effet, à ce stade, ils sont moins agressifs pour les couverts. On distingue les herbicides de post-levée anti-graminées, inoffensifs pour les couverts et les herbicides de post-levée antidicotylédones qui les détruisent. Les herbicides de prélevée (50 à 70% de la dose homologuée) permettent également un contrôle partiel des adventices. Néanmoins, les doses les plus fortes sont préjudiciables aux couverts. 

Dans les régions où il ne gèle pas suffisamment pendant l’hiver,  un désherbage tardif positionné pendant l’hiver permet de contrôler les plantes compagnes et les adventices présentes.

Fertilisation

L’apport de phosphore au semis, ainsi que de fertilisant minéral ou organique visant une nutrition azotée correcte du colza durant l’automne, sont des facteurs favorables à l’obtention d’un colza robuste. Néanmoins, la présence de légumineuses permettrait de réduire la quantité d’azote apportée. Terres Inovia recommande une réduction forfaitaire de la fertilisation azotée de 30 unités, si la levée des couverts associés est satisfaisante tout en adaptant les conseils de fractionnement.

Choix d’espèce

Le choix de l'espèce dépend de la volonté de maintenir ou non un couvert permanent après la récolte du colza.

Dans le cas où l’objectif des couverts associés n’est pas de conserver une couverture permanente mais de disposer de plantes de service durant une partie du cycle de la culture : leur disparition est donc souhaitée, par le gel, autant que possible.

Il est ainsi recommandé de choisir des espèces et des variétés précoces, susceptibles d’atteindre le stade bouton, voire floraison, avant l’hiver.

Les espèces suivantes, ayant fait l’objet des essais, sont envisageables :

  • lentille,
  • gesse,
  • fenugrec,
  • pois fourrager,
  • trèfle d’Alexandrie,
  • féverole,
  • vesce commune,
  • vesce pourpre.

Des guides pour faciliter le choix sont disponibles en ligne.

 

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Des exemples de réussites


La Parole aux agriculteurs

P.Y Brillant (53)

Colza associé couvert permanent
Après un passage trop brutal vers le non-travail du sol, certains échecs l'obligent à repenser le système. Les couverts de mieux en mieux réussis permettent d’aborder plus sereinement la réduction du travail du sol.

Thématiques : Couverts, Colza associé, Travail superficiel

V. Brulé (49)

Du couvert annuel multi-espèces au couvert permanent, ce céréalier expérimente l’utilisation de couvert permanent tout en apprenant à gérer ses couverts pour éviter la compétition avec les cultures de ventes.

Thématiques : Couverts, Colza associé, Semis direct

Le mot du conseiller

Le couvert permanent le plus utilisé sur sol acide est le trèfle blanc nain car il est le mieux adapté. En sols sains, peu humide et à un pH minimum de 6.5 la luzerne peut remplacer le trèfle mais la conduite est plus difficile avec notamment l’utilisation plus fréquente de désherbants pour la réguler.
Sur le plan production, un couvert permanent de trèfle blanc se marie bien avec des cultures d’automne, il pousse avec la chaleur et la lumière, il va donc commencer à pousser à partir du mois d’avril jusqu’au mois de septembre.
Le semer à l’automne lui est défavorable car les températures baissent et il subit ensuite la concurrence pour la lumière avec la culture associée.
Il est donc préférable de l’implanter en simultané avec une culture de colza. Le semis est réalisé de mi août à début septembre lorsque les températures du sol commencent à diminuer et cela à une quantité de 5 à 7kg en fonction du type de sol et de la variété.
Le trèfle blanc lève ou se met en dormance en attendant des conditions favorables.

Autre faisabilité technique, l’implantation en sortie d’hiver via un épandage à la volée en Janvier/Février. Il faut précéder le semis d’un roulage dans le cas d’une céréale ou positionner le semis avant un phénomène pluvieux afin qu’il y ait un rappui suffisant des graines. Dans la culture de colza, pas de panique, le trèfle est difficile à repérer car il est peu présent (1 à 2 plants/m²) et tout petit (moins de 1 cm sauf dans les passages de roue où il n’y a pas de colza). À la récolte du colza ou de la céréale, il est difficile de juger l’implantation du trèfle.
Le trèfle est présent mais irrégulier. Il faudra attendre 15 jours à un mois pour voir l’explosion de cette plante. Comme elle est semée dans la culture précédente, elle gagne cependant un mois et demi par rapport à l’implantation d’autres couverts implantés après la récolte.
Fin octobre, les références montrent que la biomasse de celui-ci est importante de l’ordre de 1TMS à 3TMS. En condition d’élevage, il s’agit d’une dérobée intéressante à valoriser pour les animaux.
S’en suivent 2 possibilités, derrière colza : implantation d’une céréale en direct, si non derrière céréale une autre céréale type orge ou triticale ou encore un méteil protéagineux valorisable au printemps avant l’implantation d’un maïs.

Valentin GARAULT - Conseiller agronome Normandie

 

La technique consiste à semer de façon précoce et idéalement simultanée, le colza et les légumineuses, utilisées comme couvert associé non récolté, et choisies pour les bénéfices qu’elles apportent et leur capacité à cohabiter avec le colza.

La réflexion doit se faire dès la récolte du précédent pour choisir la parcelle et adapter la préparation du sol pour un semis précoce. Proscrire les situations à forte pression d’adventices dicotylédones précoces (géranium notamment). La préparation du sol pour l’implantation du colza est une étape fondamentale. Elle a pour objectifs de créer ou de maintenir une structure favorable à l’enracinement du colza en profondeur et de préserver l’humidité du sol.
Si le sol est compacté, un travail du sol profond est nécessaire. En revanche, cette intervention peut s’avérer inutile, voire accentuer trop rapidement le dessèchement du sol. Strip-Till et semis direct sont possibles.
Le seul moyen de décider : sortir la bêche !

Pour l’effet confusion des insectes et réduction d’azote, choisir une légumineuse annuelle type féverole (60 à 80 kg/ha), semée ou épandue environ 8 jours avant le colza.
Le désherbage de pré-levée est alors à réduire voire à supprimer en le remplaçant par un désherbage en post-levée (entre 2 et 4 feuilles). Si une période de gel assez longue et intense intervient dans l’hiver, la féverole souvent malade peut geler, sinon, il faut faire un rattrapage de printemps pour gérer la plante compagne. La stratégie tout en rattrapage peut être une solution intermédiaire.

Pour avoir aussi une couverture du sol après la moisson du colza, et peut-être même un semis direct du blé en suivant, choisir une légumineuse pérenne avec par exemple un mélange de lentille (20 kg/ha) et de trèfle violet (5kg/ha) semé avec le colza. Le désherbage est plus délicat dans ce cas-là : aucun rattrapage anti-dicots ne peut être appliqué, sous risque d’éliminer la légumineuse pérenne.

Aude Pelletier - Conseillère Occitanie

 


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