Lupin
Ses atouts
Le lupin est le protéagineux qui fournit le plus de protéines : 38 % de MAT pour le lupin blanc, contre 24 % pour le pois et 31 % pour la féverole.
Il est facile à placer dans l’assolement. Comme tous les protéagineux, il permet des réductions d’N sur la culture suivante tout en procurant à cette culture des rendements plus élevés. Il est riche en matière grasse (8 %) notamment en acides gras polyinsaturés (type oméga 3) favorables à la santé animale et humaine.
Il contient peu d’amidon ce qui peut être un atout en production laitière quand les rations sont acidogènes.
Ses limites
Il redoute les sols calcaires (> 2.5 % CaCO3) et les sols humides défavorables à l’activité des nodosités. Il est sensible à l’anthracnose et à la rouille, surtout en conditions pluvieuses. Ses rendements sont très fluctuants. Les récoltes de fin d’été peuvent être lourdement pénalisées par de mauvaises conditions atmosphériques.
La culture
Préparation du sol
On recherche une parcelle saine, peu caillouteuse, sans limaces et propre.
Semis
Lupin d’hiver | Lupin de printemps | |
Date de semis | Courant septembre | 15 février au 15 mars |
Densité (semoir à céréales) | 20-30 grains/m² | 30 à 50 grains/m² * |
Profondeur | 5-8 cm | 5-8 cm |
Ecartement | 17,5 à 35 cm | 17,5 à 35 cm |
* plus on sème tard, plus il faut semer clair.
Utiliser le poids des 1000 grains.
Variétés
Lupin d’hiver
Les variétés tolèrent en principe des températures à - 15°C ; cependant, on observe parfois des dégâts bien avant.
Lumen : c’est la variété la plus performante en conditions de forte pression anthracnose et rouille. En 2012, elle a atteint sur un essai Chambre d’agriculture Calvados 34,4 q soit 20 q de plus que Clovis et Orus (Lumen est moins sensible aux pertes hivernales et aux maladies). En 2011, en conditions très saines, les rendements en Bocage Virois ont atteint sur un essai des records à 46-48 q pour Lumen et Clovis.
Lupin de printemps
Les rendements sont très variables selon les conditions de l’année. Voici quelques résultats obtenus en Bocage Virois :
LUPIN BLANC | 2011 | 2012 | ||||
Variétés | Semis | Récolte | Rendement (15 % H) | Semis | Récolte | Rendement (15 % H) |
Féodora | 08/03 | 15/09 | 66,3 q | / | / | / |
Amiga | 08/03 | 15/09 | 63,6 q | 09/03 | 19/09 | Non pesé |
Fortuna | / | / | 09/03 | 19/09 | 8,6 q | |
Observations | Conditions très saines | Gros problèmes d’anthracnose + resalissement |
LUPIN BLEU | 2011 | 2012 | ||||
Variétés | Semis | Récolte | Rendement (15 % H) | Semis | Récolte | Rendement (15 % H) |
Arabella | 08/03 | 18/08 | 30,4 q | 09/03 | 19/09 | 26,4 q |
Probor | / | / | / | 09/03 | 19/09 | 13,2 q |
Borutta | / | / | / | 09/03 | 19/09 | 18,4 q |
Observations | Arabella : bonne vigueur de germination. Salissement sur Probor et Borutta. |
Fumure
Pas d’apports d’azote, 40 P, 80 K (selon niveaux des sols et restitutions).
Désherbage
On utilise le plus souvent des herbicides de pré-levée comme le cent 7 ou le centium (consulter votre technicien cultures).
Maladies et ravageurs
- surveiller les limaces au semis surtout après le colza.
- le lupin est sensible à l’anthracnose (pas de traitement efficace).
Récolte
Après le blé, quand la graine atteint moins de 15 % d’humidité.
Eviter l’éclatement des gousses en travaillant vite et plutôt le matin s’il fait très chaud en journée.
Conservation
On peut stocker sans problème jusqu’à 16 % d’humidité sinon une ventilation pourra s’avérer nécessaire. Un stockage «humide» broyé est aussi réalisable.
Valorisation
Valeur du lupin
Au kg brut (broyage grossier) | UFL | PDIN | PDIE |
Source INRA | 1,08 | 198 | 139 |
Valorisation par les vaches laitières
Le lupin présentant un déficit en PDIE, il faudra selon les quantités employées envisager un aliment tanné pour arriver à un équilibre satisfaisant. Les vaches laitières peuvent consommer jusqu’à 5-6 kg de lupin sans problème. Il faut préférer la forme broyée grossièrement.
Effet sur la production par rapport à une ration initiale maïs-foin - tourteau de colza
Nouvelle ration | Effet |
Maïs à volonté + foin | Lait : + 0,4 kg |
Lupin : 3,75 kg | TB : + 1,3 |
T colza tanné : 1,75 kg | TP : - 0,6 |
Source : Centre des Trinottières
SIMULATION avec blé à 20 €/quintal
Rendement du blé | 70 q | 75 q | 80 q |
Rendement du lupin | 25 q | 30 q | 35 q |
Prix du t colza (€/tonne) | |||
275 | - 5 555 € | - 4 479 € | - 3 707 € |
300 | - 4 925 € | - 3 850 € | - 3 077 € |
325 | - 4 296 € | - 3 220 € | - 2 447 € |
350 | - 3 666 € | - 2 590 € | - 1 818 € |
Effet économique avec substitution lupin à tourteau de colza
Avec un troupeau de 45 laitières, un prix du blé de 20 €/quintal, un prix du tourteau de colza de 300€/tonne et en tenant compte d’un effet agronomique du lupin de + 3 q pour la céréale qui va suivre, la perte est de 3 850 € soit 20 €/1000 litres produits avec le lupin. L’effet se rééquilibre avec un prix de blé sensiblement inférieur. Si la simulation est faite avec du tourteau de soja, la perte est réduite à 1 850 €.
SIMULATION avec blé à 15 €/quintal
Rendement du blé | 70 q | 75 q | 80 q |
Rendement du lupin | 25 q | 30 q | 35 q |
Prix du t colza (€/tonne) | |||
275 | - 2 298 € | - 1 572 € | - 1 050 € |
300 | - 1 669 € | - 943 € | - 421 € |
325 | - 1 039 € | - 683 € | + 209 € |
350 | - 409 € | + 317 € | + 830 € |
L’essentiel de cette perte est liée à la baisse sensible de la marge brute «cultures» consécutive à la substitution de 8 ha de lupin à 8 ha de blé.
Valorisation par les génisses jusqu’à 6 mois
Les jeunes génisses valorisent bien un mélange fermier comprenant 60 % de maïs grain et 40 % de lupin en graines entières : performances équivalentes à celles obtenues avec un JB (source ferme des Trinottières).
Ne pas oublier l’alimentation minérale.