Vivre des grandes cultures biologiques en Normandie
Quel revenu espérer ? Quelle surface nécessaire ? Quels équipements sont incontournables ? Quel temps de travail prévoir ? Quels circuits de commercialisation ?
Les deux cas-types se distinguent par leur potentiel de sol, donc des cultures et des rendements différents. L’un reflète une exploitation grandes cultures en situation de bon potentiel et l’autre en faible potentiel.
Bon potentiel | Faible potentiel | |
---|---|---|
UMO | 1,1 | 1,15 |
Surface | 112 | 133 |
Durée de la rotation | 8 ans | 7 ans |
Présence de la luzerne | 2 ans | 2 ans |
Nb de cultures différentes | 6 | 5 |
Rdt du blé (q/ha) | 40 | 35 |
Achat de ferti organique | 280 t compost déchets verts | 665 t fumier de bovins |
Marge brute moy./ ha (€) | 910 | 693 |
EBE / UMO exploitant (€) | 72 180 | 62 820 |
Bilan NPK / ha | +10 -4 -26 | +12 +4 +1 |
A chaque potentiel de sol, sa rotation et ses cultures !
Quel que soit le potentiel de sol, la durabilité d’un système bio est assurée par 3 facteurs :
- une rotation contenant au moins 2 années de prairies à base de légumineuses,
- l’alternance de cultures d’hiver et de printemps,
- la diversité des cultures que l’on préfèrera rustiques et couvrantes.
Dans les sols à bon potentiel, la rotation peut être longue (8 ans) et contenir des cultures sensibles au déficit hydrique estival (maïs grain), tout en recevant peu de fertilisation organique. Avec un potentiel de sol faible, la rotation est plus courte (7 ans maximum), les cultures choisies sont moins exigeantes (associations céréales-protéagineux, épeautre, avoine…), et des matières organiques extérieures sont souvent apportées.
Plus la rotation est longue, plus il est difficile de gérer le salissement et la fertilisation du système.
Des marges brutes annuelles de 693 à 910 €/ha
En AB, les rendements en céréales sont souvent deux fois moins importants que les rendements conventionnels. Cependant, les prix de vente stables (380 €/t pour du blé meunier, 280 €/t pour des céréales fourragères) ainsi que la faible proportion des charges opérationnelles (20 % du produit) permettent aux systèmes bio de dégager de 62 000 € d’EBE (472 € d’EBE /ha) dans les petites terres à 72 000 € d’EBE (644 € d’EBE /ha) en bonnes terres. Les marges cultures bio sont calculées à l’échelle de la rotation : une luzerne de 1 an dégagera moins de marge (220 €/ha en moyenne) qu’un blé meunier derrière luzerne (1 280 €/ha en moyenne), mais elle est essentielle à la gestion de la fertilité et du salissement sur l’ensemble de la rotation. Attention, l’EBE dégagé dépend beaucoup de la valorisation de la luzerne, dont le débouché n’est pas toujours facile à trouver. La commercialisation des cultures se fait auprès d’opérateurs certifiés en AB.
Passer en AB : un investissement limité !
En AB, la herse étrille est l’outil indispensable (environ 20 000 € neuve pour une 12 m). Elle peut être complétée par la bineuse en cas de présence de maïs dans la rotation (compter 10 500 € pour une bineuse 8 rangs). Investir dans une bineuse à céréales, un trieur ou du stockage n’est pas obligatoire : certaines filières enlèvent les cultures juste après la moisson, non triées. La houe rotative pourra quant à elle être en copropriété : c’est un outil qui sert généralement moins souvent (plutôt comme écroûteuse, et sur très jeunes adventices).
Le désherbage mécanique : un poste peu gourmand en temps
Les systèmes en grandes cultures AB présentent 4 pics de travail : mai, juillet, août et novembre. Les postes les plus gourmands en temps sont la récolte de la luzerne, la moisson et le tri, puis le semis. Le poste désherbage mécanique représente 2 à 4 h/semaine de mars à juin. Il faut compter environ 16 minutes pour désherber avec une herse étrille 1 ha de culture en curatif : c’est le même temps qu’en conventionnel (incluant protection, préparation et rinçage de la cuve du pulvérisateur) !