Une culture intermédiaire à vocation énergétique (CIVE) est une culture implantée et récoltée entre deux cultures principales dans une rotation culturale. Les CIVE sont récoltées pour être utilisées en tant qu’intrant dans une unité de méthanisation agricole.
Comme les « CIPAN » réglementaires, les CIVE jouent un rôle de couvert végétal, ne laissant pas le sol nu pendant l’interculture.
Elles permettent aux agriculteurs qui possèdent un méthaniseur de sécuriser leurs approvisionnements en obtenant le substrat nécessaire sans avoir recours aux cultures dédiées (leur apport en méthanisation est limité réglementairement en France).
Par définition une culture principale est soit :
En dehors de ces critères, on peut considérer qu’il s’agit d’une CIVE.
L’herbe issue de prairies permanentes ou de zone tampon enherbée n’est pas considérée comme culture principale.
De nombreuses espèces peuvent être utilisées en tant que CIVE : graminées pures (avoine, seigle, triticale, ray grass…), ou en mélange avec des légumineuses (vesce, trèfle, pois, féverole).
De manière générale il est préférable d’éviter les crucifères (moutarde, navette, colza) riches en soufre.
En fonction de l’espèce, ou des espèces dans le cas de mélanges, les CIVE peuvent présenter plusieurs avantages agronomiques :
L’introduction d’une CIVE dans une rotation ne doit pas gêner la conduite des cultures principales. Elles doivent permettre d’assurer leurs potentiels de production tout en visant un rendement suffisant pour la CIVE elle-même.
Pour cela, deux points essentiels sont à prendre en compte :
En fonction de la période d’implantation, on distingue deux types de CIVE : les CIVE d’été et les CIVE d’hiver.
Après une culture d’hiver récoltée précocement, telle que l’orge d’hiver, le méteil ou sur certaines zones le pois, il est possible d’implanter une CIVE d’été telle que, le sorgho, le maïs, le tournesol…etc. Elle sera récoltée à l’automne avant l’implantation d’une nouvelle culture principale.
Sa productivité est réduite en cas de semis trop tardifs pendant l’été. Et elle est très dépendante de la pluviométrie estivale.
En Normandie, plusieurs essais sont pratiqués sur ces CIVE d’été avec pour objectif de produire un maximum de biomasse.
Le maïs semé avec semoir de précision et le tournesol présentent de très bons résultats en termes de productivité.
Avant une culture d’été, l’implantation d’une CIVE d’hiver peut être envisagée : céréales, association céréales/légumineuses, oléagineux….etc.
A l’instar des CIVE d’été, la productivité de ces cultures est réduite par leur récolte précoce afin de limiter l’impact sur la culture principale suivante. Par contre le potentiel de rendement est plus stable et plus sécurisant.
De nombreux essais sur les CIVE d’hiver sont également pratiqués en Normandie. Le seigle possède un bon potentiel de production, un apport de digestat ou autre effluent organique étant nécessaire de préférence en sortie d’hiver plutôt qu’au semis.
Les CIVEs sont un substrat intéressant en méthanisation. Leur fort potentiel méthanogène, compris entre 100 et 300 Nm3 CH4/tMS, selon l’espèce utilisée, leur permet de limiter le recours aux cultures énergétiques dédiées.
Comme tout végétal (hormis les ligneux), le pouvoir méthanogène des CIVEs est bien supérieur à celui des effluents d’élevage. En revanche ils coûtent bien plus cher à produire.
Pour que le méthaniseur prenne en charge l’intégralité des charges liées à cette culture (charges opérationnelles + fixes réparties), on considère qu’il faut viser un rendement minimum de 4 tMS/ha.
L’enjeu est donc de travailler les espèces et les variétés en fonction du contexte pédoclimatique du secteur pour atteindre et dépasser ce seuil de manière stable.