Installation,
Transmission
Dernière mise à jour le 10 avril 2025
Épisode 2 : Les premiers échanges entre cédants et repreneurs sont déterminants pour engager un projet de transmission installation
Installer et Transmettre constituent un enjeu prioritaire pour pérenniser les exploitations agricoles normandes. Pourtant, que cela soit du côté du cédant ou des porteurs de projets, les freins sont nombreux. Barrières psychologiques, complexités juridiques, contraintes budgétaires sont autant de raisons pour faire capoter l’installation – transmission. Les Chambres d’agriculture se sont inspirées des parcours qu’ils accompagnent au quotidien pour créer cette série d’articles et montrer comment dépasser ces obstacles. Dans cette saison de 12 épisodes, nous vous proposons de suivre les aventures d’Alain, Sylvie et Gaspard dont les témoignages ont été anonymisés.
Cette série d’article a été rédigée dans le cadre du projet REFLEX ORGA’NIC en collaboration avec les Chambres Régionales d’Agriculture de Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France.
Les premiers échanges entre cédants et repreneurs sont déterminants pour engager un projet de transmission installation. Présentation, centre d’intérêt, compétences, parcours, origines, visions sont analysés de part et d’autre. Malheureusement, ce sont souvent les approches techniques qui cristallisent les discussions. Que faire quand cédants et repreneurs ne parlent pas de la même chose lors de la première rencontre ?
« Nous avons reçu deux jeunes pour visiter ma ferme. Ils veulent s’installer à quatre mais seulement deux sont venus. Ils veulent élever de la bufflonne pour le lait et faire de la « mozza » … Le deuxième veut faire des poules pondeuses bio plein air avec des « abris mobiles ». Les deux autres, des filles, seront sur du maraîchage et encore un autre truc …Les deux gars sont venus donc … très sympas mais alors pas trop dans le réel. Ils ne sont pas restés très longtemps. Le nombre de bufflonnes ? Ils n’en savaient rien. Les cornadis, la salle de traite ?? Ils n’ont posé aucune question pour voir si les équipements pouvaient s’adapter… si je vendais tout. C’est plutôt moi qui posais des questions… Pas sérieux tout ça. »
L’agriculteur reçoit des porteurs de projet qui souhaitent développer des productions que le cédant ne connaît pas. Il fait visiter son exploitation qu’il a conduite pendant près de 30 ans. Il a passé du temps à ranger, à nettoyer. Ce qu’il a réussi à faire techniquement sur l'exploitation est très important pour lui. Il s’attend à rencontrer des candidats qui lui ressemblent. Il a besoin d’être rassuré pour apporter du crédit au projet et de voir que les jeunes « donnent le change » sous l’angle technique.
Probablement que les valeurs qui animent les membres du collectif ne sont pas les mêmes que pour l’agriculteur qui accueille. D’où son désarroi. On peut aussi supposer que les candidats n’ont pas été suffisamment dans l’échange avec le cédant et n’ont pas été à l’écoute.
Les compétences techniques s’acquièrent en formation ou lors d’expériences, en stage ou en salariat. Pour une nouvelle production, elles sont peut-être plus difficiles à acquérir mais le fait d’être à plusieurs est une force.
Alain, le cédant considère que les éléments techniques seront au cœur de la réussite du projet car, pour lui, cette composante a été essentielle dans sa carrière et fait partie de ses valeurs. Il doit accepter que ses successeurs ne fassent pas la même chose que lui et que leur montée en compétences sera progressive.
Il peut aussi participer à cette montée en compétences et transférer ses connaissances du parcellaire par le biais d’un contrat de parrainage par exemple.
Celine COLLET, Chargée de mission IRD – organisation du travail et RH
Chambre régionale d’agriculture de Normandie
celine.collet@normandie.chambagri.fr