L’agroforesterie, en optimisant l'espace, vise aussi à produire plus et mieux, et dans cette perspective, l’arbre a partout sa place. Les rendements agricoles sont améliorés en agissant positivement sur des facteurs de production aussi déterminants que l’eau, le sol, le climat, la biodiversité…
C'est jumeler production de bois et production agricole dans un cadre de développement durable.
Associer deux cultures pour faire profiter à l’une des bénéfices de l’autre : la méthode est connue, et c’est l’objectif de l’agroforesterie, qui associe au sein d’une même parcelle des cultures ou des animaux ET des arbres.
L’agroforesterie n’est pas un boisement des terres agricoles, c’est une alternative, permettant de maintenir un revenu courant sur la parcelle tout en capitalisant dans du bois.
L’agroforesterie ne signifie pas arbres d’un coté et cultures de l’autre. Les arbres font partie intégrante du système de cultures. La présence des arbres influence les cultures et la présence des cultures influence les arbres.
L’agroforesterie est un cas particulier d’association de plantes. Comme toute association, elle vise à optimiser les bénéfices pour les plantes. Cette association entraîne à la fois :
Par exemple, la chute des feuilles améliore les teneurs en matières organiques des sols, d’où une meilleure rétention de l’eau qui profite aux cultures.
Si les phénomènes de compétition sont quasi systématiques, il n’en est pas de même pour les phénomènes de facilitation. C’est la modification de l’environnement d’une plante par l’autre qui est à l’origine des processus de facilitation. Et c’est ce qui se passe en agroforesterie.
L'arbre sur les cultures :
Les cultures sur l'arbre :
Généralement, la configuration particulière des parcelles agroforestières profite tant aux cultures qu’aux arbres. Les arbres poussent plus vite que leurs cousins forestiers. Les cultures bénéficient d’une amélioration des sols et de conditions microclimatiques protectrices.
Lors de l’association arbres-cultures, il est indispensable que les phénomènes de facilitation deviennent prépondérant par rapport aux phénomènes de compétition. L’étude de faisabilité est à ce titre essentielle, avec un objectif : piloter ces interactions afin d’en tirer le meilleur parti possible. Ces observations sont très adaptées aux rotations à base de cultures d’automne. Quand les cultures de printemps sont nombreuses dans l’assolement, les phénomènes de compétitions peuvent l’emporter sur la facilitation. Là encore, l’étude de faisabilité permet de confronter l’adéquation entre l’agroforesterie et l’assolement de l’exploitation.
L’agroforesterie présente des atouts indéniables au vu des enjeux présents sur nos territoires ruraux.
• Augmentation de la biodiversité (et faune auxiliaire)
• Paysage
• Diversification des revenus
• Double production sur la parcelle (bois et cultures) et augmentation de la production de biomasse estimée entre 30 et 60 %
• Bois de valeur, utilisation des sous-produits (BRF, bois énergie...)
• Protection des cultures et bétails
• Apport de matière organique
• Conservation des sols
Le positionnement des lignes est très important. Il définit l’ergonomie de la parcelle pour les 40 à 60 ans à venir.
Le sous solage est garant d’un enracinement en profondeur, pour une cohabitation durable. L’affinement de l’horizon de surface garantit quant à lui un bon contact sol/racines permettant une installation rapide des jeunes plants.
Il est primordial de positionner le jeune plant correctement pour garantir sa reprise et sa croissance.
Le paillage permet de maintenir la fraîcheur et de limiter le salissement au pied des jeunes arbres : deux éléments favorables à l’installation des jeunes plants. La protection contre le gibier, mais aussi contre les animaux d’élevage, est indispensable. Celle-ci doit être mise en oeuvre avec rigueur et avec des matériaux durables.
Les différents retours d’expériences montrent des parcelles agroforestières rentables. Néanmoins, cette rentabilité n’est atteinte qu’au moment de la récolte des arbres.
Une expérimentation INRAE sur un système associant culture de blé et alignements de noyers à Restinclières (Hérault) a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 ha pouvait produire autant de biomasse (bois et produits agricoles) qu’une parcelle de 136 ha où arbres et cultures auraient été séparés, soit un gain de 36%.
Outre les bienfaits agronomiques et environnementaux, l'agroforesterie peut aussi offrir un complément de revenu direct. Les arbres constituent un excellent capital sur pied, qui donne de la valeur à l’exploitation : ils fournissent une biomasse que l’agriculteur peut valoriser.
De nouvelles filières et emplois se développent ainsi à l’échelle locale, telle que la filière bois-énergie, pour laquelle les agriculteurs ont un rôle à jouer en fournissant du bois d’origine locale issu des arbres qu’ils entretiennent sur leur exploitation.
Si le système a été bien réfléchi en amont, les rendements ne changent pas : la culture reste rentable, au moins durant la première moitié de vie des arbres (15 à 20 ans), voire jusqu’à leur récolte.
Lors de la seconde moitié de vie des arbres, les rendements peuvent baisser, mais cela ne signifie pas toujours une perte de rentabilité. A ce stade, la valeur d’avenir du peuplement arboré se dessine.
Des choix se profilent alors : maintenir les cultures, modifier les assolements, enherber et faire pâturer…
L’étude de faisabilité est importante pour faire émerger ces options et leur faisabilité. Au moment de la récolte des arbres, dès lors que ceux-ci ont été conduits correctement, la rentabilité est présente. Elle est au moins équivalente à une parcelle agricole, et dans de nombreux cas supérieure.
La rentabilité finale des parcelles agroforestières provient de la vente du bois. La valeur de ce bois est directement proportionnelle à la qualité du suivi mis en œuvre depuis la plantation.
Ce travail de suivi commence dès la préparation du site de plantation, avec un travail du sol dans de bonnes conditions d’humidité du sol. La mise en place des plants, puis le suivi du paillage sont également importants.
Et dès cette plantation, les arbres devront faire l’objet d’un suivi pour déclencher au bon moment les opérations de taille (pour la formation de l’axe de l’arbre) et d’élagage. Deux opérations essentielles pour la réalisation de bois d’œuvre de qualité.
Le temps de travail nécessaire à la réalisation de ces opérations de tailles est évalué entre un et deux jours par hectare et par an, surtout les premières années.
La réussite agronomique et économique d’une telle association réside dans une approche approfondie et raisonnée du projet en amont. C’est avec l’étude de faisabilité qu’il est possible de définir les motivations et les perspectives de l’exploitation, mais aussi les conditions pédoclimatiques de la parcelle.
L’étude de faisabilité permet un choix des essences adaptées, selon l’adage "le bon arbre au bon endroit".
Elle définit la configuration finale de la parcelle agroforestière : l’orientation des lignes d’arbres, l’espacement entre les lignes d’arbres …
L'agroforesterie est une pratique ancienne, et en Normandie, le pré-verger en est l’illustration. Bien pensée, elle est une des techniques permettant de répondre aux enjeux territoriaux de demain. Planter un arbre est acte important. Il faut anticiper le paysage que l’on crée mais aussi le devenir de l’exploitation et la place des arbres dans ce contexte.
Le projet agroforestier peut tout à fait s’inscrire dans un projet patrimonial ou entrepreneurial… Le capital mis en place permet de faciliter la reprise de l’exploitation, préparer sa retraite ou le partage d’un patrimoine.
Créée en 2015, l’Association pour une Dynamique Agroforestière en Normandie (ADAN) a pour ambition d’accompagner la dynamique de plantation en apportant des réponses objectives aux porteurs de projets : où planter, quoi planter, comment gérer les interactions avec les cultures, comment valoriser les arbres…
Pour assurer la continuité des travaux initiés dès 2008 par ses membres fondateurs dans l’Eure, l'ADAN porte le Groupement d’Intérêts Economique et Ecologique (GIEE) « Agroforesteries en Normandie », agréé en Janvier 2016. Elle en a confié l’animation aux Chambres d’agriculture de Normandie.
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