Comme tous les protéagineux, la féverole constitue une tête d’assolement favorable aux céréales : sans apport d’azote, elle restitue au moins 20 unités à la culture suivante tout en procurant à cette culture des rendements plus élevés.
Elle est résistante à l’aphanomyces du pois, elle permet des économies d’intrants ainsi que 3 à 4 passages de pulvérisateur en moins par rapport à un pois. La févérole se cultive en terrains argileux ou caillouteux et s’accommode plus que les autres protéagineux d’un lit de semence grossier ; elle permet un étalement des chantiers de récolte. Elle améliore la structure du sol avec son pivot, en étant le mieux adapté en production agro biologique.
Pas de retour de féverole avant 6 ans. Un sol à bon état calcique: la féverole exige un pH de 6,3 à 6,8, indispensable à l’installation de ses nodosités et au développement de son pivot. Une parcelle sans salissement excessif : la parcelle doit être propre, sans adventices vivaces (chardons, rumex,…). Il n’existe aucune solution de rattrapage pour ce type d’adventices.
Pour les bovins, toutes les variétés présentes au catalogue sont utilisables.
Le potentiel de rendement n’est pas à privilégier : la résistance au gel ou à la verse ainsi que la teneur en protéines sont plus déterminants. Les rendements observés en essais menés en conduite économe et en zone d’élevage affichent 35 q pour les variétés printemps et 28 q pour les variétés hiver (plus récentes).
En Plaine, pour une valorisation en alimentation humaine, un potentiel de 75 q est accessible en année favorable (ex en 2012).
Le type hiver se salit moins que le type printemps ; la gestion des adventices se fait sur l’ensemble de la rotation. On utilise essentiellement des herbicides de pré-levée à moduler selon le type de flore. La lutte antigraminées est possible à faible dose (voir votre conseiller cultures). Un sol bien rappuyé améliore l’efficacité racinaire ; semer profond limite la phytotoxicité. La féverole supporte bien la herse étrille (pré-levée, 4-5 feuilles, 7-8 feuilles).
Elle présente un taux de protéines non négligeable (31 %), mais sa valeur PDIE est déficitaire. Un broyage grossier, ou simplement une graine cassée ralentit la dégradation ruminale de l’azote et améliore la valeur PDIE.
Au kg brut (broyage grossier) | UFL | PDIN | PDIE |
---|---|---|---|
Source INRA | 1,04 | 162 | 97 |
La féverole s’utilise comme aliment de production (2,5 l – 3 l) ou associée à un tourteau protégé pour rétablir l’équilibre PDIE. La synthèse de plusieurs essais français, avec une ration à base de maïs ensilage, montre qu’avec la féverole en substitution au tourteau, les performances laitières sont peu affectées.
Nouvelle ration | Effet |
---|---|
Maïs à volonté + foin | Lait : - 0,2 kg |
Féverole : 4 kg | TB : + 1 |
T colza tanné : 2,2 kg | TP : -0.2 |
Avec une ration à base de foin, l’introduction de féverole à la place d’un tourteau n’induit pas non plus de différence de production.
Différents essais réalisés aux stations des Etablières et de Jalogny montrent que la féverole utilisée en complémentation des rations ensilage de maïs ou blé, en source azotée unique, permet des performances voisines de celles obtenues avec du tourteau de soja (baisse non significative de 7 %).
Pas d’effets sur les caractéristiques des carcasses et des viandes produites.
Avec un troupeau de 45 laitières, un prix du blé de 20 €/quintal, un prix du tourteau de colza de 300 €/tonne et en tenant compte d’un effet agronomique de la féverole de + 3 q pour la céréale qui va suivre, la perte est de 3 751 € soit 20 €/1000 litres produits avec la féverole. L’effet se rééquilibre avec un prix de blé sensiblement inférieur ou avec un rapport de rendement nettement plus favorable à la féverole (autour de 55 % du rendement blé). Si la simulation est faite avec du tourteau de soja, la perte est limitée à 1 750 €.