De nombreux travaux d’entretien sont traditionnellement réalisés sur les prairies, pour lesquels des matériels très variés sont proposés. Si certaines pratiques peuvent permettre de prévenir la dégradation du couvert, voire d’y remédier, il faut être prudent sur leur mise en œuvre : leur efficacité n’est pas systématique, et appliquées dans de mauvaises conditions ou avec un matériel inadapté, elles peuvent faire plus de mal que de bien, comme l’ont montré des études récentes.
Traditionnellement, les prairies sont hersées en fin d’hiver. Avec plusieurs avantages attendus :
nivellement, étalement des taupinières, éventuellement aération du couvert et minéralisation de l’azote accrue… Trois essais pluriannuels ont mesuré l’efficacité des matériels d’entretien des prairies.
Les rendements sont au mieux égaux, voire inférieurs (jusqu’a -30 % pour les modalités les plus agressives) par rapport au témoin non travaillé.
Le taux de trèfle blanc augmente, tout comme le sol nu et la mousse, au détriment des bonnes graminées.
Le hersage n’a donc pas d’intérêt systématique, mais est plutôt à réserver à quelques cas particuliers :
Tout passage ayant entrainé l’apparition de trous devra être suivi d’un sursemis pour éviter l’envahissement par les adventices.
L’agrostis est une graminée très commune dans le couvert prairial normand et qui peut devenir envahissante, notamment quand des vides apparaissent dans le couvert (dégâts de piétinement, campagnols, ...).
Peu productive, elle développe des stolons à la surface du sol, peu appétants et de maigre valeur alimentaire. Au fur et à mesure de son développement, elle étouffe le reste du couvert en place. Elle semble être favorisée par les alternances de sur- puis de sous-pâturage.
Par rapport au pâturage continu, le pâturage tournant semble la faire régresser.
Pour limiter son extension, un hersage en conditions sèches de plein été est efficace : un passage de herse étrille assez agressif va arracher les stolons avant qu’ils n’ancrent leurs jeunes racines.
Certaines zones des prairies sont moins consommées par les animaux parce que les espèces qui la composent sont moins appétantes, plus ligneuses ou parce que s’y concentrent les déjections. Le phénomène s’entretient dans un cercle vicieux puisque ces zones sont refusées, donc durcissent, se lignifient et perdent encore plus d’appétence.
Elles sont souvent le reflet d’un chargement inadapté. Les légumineuses disparaissent, les graminées et les diverses se développent dans ces zones de concentration de déjections.
Au printemps, les zones de refus surfertilisées poussent plus rapidement et la prairie prend alors un aspect moutonné.
Dans les parcelles pâturées par les chevaux, groupant davantage leurs crottins, on constate une mosaïque dans la parcelle, alternance de zones sur pâturées et sous pâturées.
Les solutions aux refus sont multiples et complémentaires :
L'herbe repoussera alors plus tendre et retrouvera de l’appétence pour les animaux, même si les repousses de refus restent provisoirement plus vigoureuses pendant quelques temps.
Cela permet également d’éviter la montée à graine des espèces précoces comme les vulpins, les bromes mous, ou des adventices refusées (rumex, chardons…).
Le broyage est une solution quand les refus sont peu importants. La fauche permet une repousse plus rapide (coupe nette), et est à préférer face à une quantité plus conséquente d’herbe non consommée.
Pour éviter de laisser les résidus sur les zones de refus déjà surfertilisées, ils peuvent être exportés, ou laissés sécher et consommés par les animaux : fauche à la sortie des animaux, séchage une journée avec du soleil, et retour des animaux la nuit suivante.
Le broyage permet de réduire la proportion de touffes de dactyles dans une prairie permanente et améliore la digestibilité de l’herbe.
Les restitutions directes par les déjections à la pâture sont très importantes. Mais elles sont mal réparties sur la parcelle.
L’ébousage a pour objectif de mieux répartir les éléments fertilisants restitués. Cela entraîne une forte diminution des touffes de refus et des zones de vides.
L’ébousage en cours de saison étend les zones souillées et peut diminuer l’appétence de l’herbe.
Il doit être effectué sur une herbe rase en sortie de pâturage et avant une période pluvieuse pour "laver" l’herbe. Cela nécessite donc un pâturage tournant avec un temps de repos suffisant. Il est à proscrire sur de l’herbe haute, en pâturage continu et en conditions sèches.
Un ébousage d’arrière-saison est recommandé pour accélérer la dégradation des bouses et éviter la formation de trous qui seront comblés par les adventices.
L’étaupinage s’impose en fin d’hiver sur les parcelles de fauche, pour éviter de récolter de la terre ou d’autres souillures dans le fourrage lors de la première coupe de printemps. Il diminue aussi la casse et l’usure du matériel de récolte.
Lorsque la terre des taupinières étendue est importante, un sursemis est nécessaire. Un roulage précoce des prairies en début de printemps peut en compléter l’efficacité. Les matériels d’ébousage et d’étaupinage sont multiples, leur équipement variable.
Etaler des bouses et les taupinières nécessite des lames, des raclettes ou des socs.
Une herse étrille équipée de racloirs ou d’une lame niveleuse peut très bien étaupiner et ébouser.
Un scarificateur ou une fabrication "maison" avec des pneus ébousent parfaitement.
Mais attention à la polyvalence des outils : l’association ébousage-hersage peut entraîner un griffage agressif nuisible aux espèces fourragères sensibles telles que le ray grass.
Les relevés floristiques des prairies permanentes montrent des taux assez bas d’espèces à bonne valeur fourragère :
Sur 340 inventaires réalisés en Normandie par l’INRA, on relève en moyenne 33 % d’espèces considérées comme ayant une bonne valeur fourragère, dont 16 % de ray Grass anglais et 11 % de trèfle blanc. Les aléas climatiques, les pratiques trop extensives, et surtout un manque de rigueur dans la conduite du pâturage peuvent conduire à la dégradation assez rapide des prairies.
Afin de vérifier s’il y a nécessité de rénover complètement, ou seulement d’améliorer par une adaptation de la conduite, il faut réaliser (ou faire réaliser) un diagnostic floristique des prairies qui posent question.
Il s’agit d’estimer la contribution des espèces les plus représentées, en dénombrant leur abondance dans une dizaine de poignées d’herbe prélevées. On vérifie également l’importance des vivaces indésirables, telles que chardons et rumex.
Le tour de prairie doit aussi permettre de comprendre les causes de la dégradation, pour envisager une conduite d’amélioration. En dessous de 50 % de bonnes espèces, il faut intervenir. La productivité et la valeur alimentaire de la prairie deviennent alors insuffisantes pour des animaux aux besoins élevés, comme les vaches laitières. Pour des animaux à plus faible besoin, on peut tolérer un seuil minimum de 30 % de bonnes espèces.
Autour de ces proportions, l’amélioration par les pratiques reste possible. C’est la méthode la plus douce et la moins coûteuse, mais elle demande plus de temps. On agit en modifiant les techniques d’exploitation et surtout l’organisation du pâturage. Des désherbages sélectifs, souvent localisés, contribuent à éliminer les vivaces.
Si des mauvaises pratiques ne sont pas corrigées après une rénovation, le retour à la case départ sera immédiat.
La technique consiste à regarnir la prairie sans détruire la flore existante.
Le sursemis nécessite un fond prairial composé au minimum de 30 % de ray Grass anglais, trèfle blanc ou autres bonnes espèces.
Un certain nombre de conditions sont à prendre en compte pour limiter le côté aléatoire de cette technique, qui ne réussit pas dans 100 % des cas.
Un taux d’agrostis modéré, une prairie rase avec un minimum de sol nu, le choix d’espèces suffisamment agressives, des techniques de semis favorisant le contact terre/graine.... Bon nombre de prairies permanentes ne peuvent être rénovées par sursemis, montrant des végétations trop fermées, sans espace vide. Il faut choisir une période de croissance ralentie et saisir les opportunités offertes par la météo.
Conditions de réussite:
Que l’on travaille en semis direct ou en travail superficiel du sol, il est possible de détruire l’ancien couvert par un traitement chimique total, type glyphosate. Cette destruction peut se faire à plusieurs moments.
Le labour est efficace pour mettre en place une prairie de longue durée, notamment pour semer des espèces délicates à l’implantation, comme les fétuques.
Il permet, en plus des outils à dents de contribuer au décompactage des vieilles prairies.
Mais cette technique présente l’inconvénient de diminuer fortement la portance pendant un ou deux ans. Par ailleurs beaucoup de prairies sont sur des sols qu’il est préférable de ne pas labourer.
Si le labour s’impose pour différentes raisons (fort salissement, problèmes de structure de sol etc…), il est souvent bien préférable d’envisager une culture intermédiaire pendant une voire deux années (ex : un maïs suivi d’un blé et retour à la prairie en fin d’été) ; mais il faut être en règle avec la réglementation en vigueur (PAC, mesures agroenvironnementales etc.) .
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