Les couverts permanents aussi appelés couverts semi-permanents sont implantés avant, pendant ou après une culture commerciale. Ils restent présent durant au moins une partie du cycle de la culture commerciale.
Leur durée de présence dans la rotation varie de 18 à 36mois. Elle peut donc chevaucher plusieurs cycles culturaux.
Si la technique permet d’amortir le semis d’un couvert sur une longue durée et assurer un démarrage rapide en début d’interculture, le couvert peut être difficile à maîtriser.
Dans ce cas, il peut pénaliser la culture principale par la concurrence qu’il apporte sur l’eau, la lumière et les éléments fertilisants du sol.
Aussi, sa présence et la volonté de le maintenir réduit le nombre de molécules d’herbicides utilisables, la maîtrise de certaines adventices peut rapidement devenir problématique.
Cependant, la maîtrise des techniques d’implantation, entretien et destruction reste fondamentale pour obtenir les gains espérés.
Les principaux objectifs de l’utilisation de couverts permanents sont :
Les espèces choisies sont donc principalement des légumineuses pérennes.
Ces couverts doivent avoir une concurrence faible pour la culture, voire tolérer certains herbicides. Ils doivent aussi disposer d’un fort pouvoir de pousse durant les périodes d’intercultures.
Les principales espèces utilisées sont le trèfle blanc, le trèfle violet, la luzerne, le lotier corniculé.
Deux modes d’implantation sont possibles : le semis avec une culture principale ou le semis dans une culture en place.
→ Semis avec la culture principale : cas du semis de colza avec trèfle blanc
→ Semis dans la culture en place : cas du semis de trèfle dans la céréale en place
La première année, le couvert ne sera géré que durant l’interculture, avant l’implantation de la culture suivante.
La gestion du couvert peut être réalisée par broyage, fauche avec ou sans exportation voire dans certains cas ne nécessite aucune intervention avant l’implantation de la culture suivante.
A partir de la seconde année, dans la culture suivante, il sera nécessaire de réguler le couvert par l’utilisation d’herbicides à des doses modérées.
L’utilisation de ces herbicides n’a pas vocation à détruire le couvert mais bien à réguler sa croissance au profit de la culture principale afin de limiter sa concurrence. Les cultures qui tolèrent un couvert associé sont majoritairement des céréales d’hiver.
Si le trèfle blanc est doté d’une multiplication végétative et est apte à coloniser de grandes zones, ce n’est pas le cas du trèfle violet et de la luzerne.
À partir d’un nombre de plantes insuffisant dans la parcelle, la présence d’un couvert permanent ne permet plus d’avoir une balance bénéfices risques positive, il convient donc de le détruire.
Lorsque sa présence risque de pénaliser fortement une culture principale, il convient également de le détruire ou avant l’implantation (cas d’un maïs fourrage par exemple) ou dans la culture principale (cas d’une luzerne trop développée dans un blé qui ne permettrait pas de le récolter par exemple).
► En savoir +
Après la récolte, les cannes de colza sont broyées et le trèfle explose. 1 ou 2 récoltes d’enrubannage sont possibles. Pour le moment les rendements ne sont pas constants (1.5 TMS/ha en moyenne).
L’ensilage de trèfle est analysé à 24.3%MS en protéines brutes, 153g/kgMS en PDIN et 92g/kgMS en PDIE et 1.05 UFL/kgMS. À 1.5TMS/ha, Laurent évalue un total produit à 474 €/ha. En face, les charges sont estimées à 126€/ha (21€/ha pour les semences de trèfle, 30€/ha de fauchage, 40€ d’enrubannage et 10€ pour le transport). La marge restante est donc de 348€/ha.
Donc si le rendement augmente çà devient une technique vraiment intéressante. Sans compter le gain de fertilité pour le sol, la diminution du salissement et l’azote disponible pour la culture suivante.
Laurent Moréac
Des expérimentations conduites en Bretagne de 2008 à 2014 permettent de préciser les modalités de ce type de système de cultures.
Parmi les légumineuses, le trèfle blanc est, en Bretagne, un des meilleurs couverts permanents. Sa croissance est limitée en hiver, ce qui permet la croissance des cultures commerciales. Il est souvent semé avec une culture de colza ; les cultures suivantes (céréales d’hiver) sont implantées par semis direct dans le couvert permanent après sa fauche.
Le choix des espèces et variétés semées et la date de semis sont importants. Le rendement de la culture est généralement supérieur sous couvert permanent de légumineuse (+ 4,5 q/ha pour le blé et+ 2 q/ha pour le colza). Le lessivage d’azote en automne est réduit et l’activité biologique du sol (insectes, lombrics…) est stimulée.
Jean-Philippe Turlin, Chambre d’agriculture de Bretagne
L’implantation du couvert permanent peut se faire dans un colza ou un méteil, mais reste compliquée dans une culture de printemps. Exemple, sur une parcelle en semis direct depuis 4 ans, une luzerne est implantée en à 20 kg/ha avec un méteil, puis ensilée en même temps que le méteil au printemps et enfin une coupe de foin est réalisée dans l’été. Un blé est semé en SD dans la luzerne en octobre à 170kg/ha.
Pour gérer les ronds d’adventices, un passage de glyphosate est réalisé au semis à 1.5 l/ha, ce qui permet en même temps de calmer la luzerne. Au printemps, passer un herbicide à base d’hormone pour calmer une nouvelle fois la luzerne, pour ne pas qu’elle dépasse une « hauteur de botte » et pénalise le blé.
Toute la difficulté est de bien gérer le désherbage pour que la culture ne soit pas pénalisée par le couvert, tout en gardant un couvert vivant. Avant de se lancer dans les couverts permanents, tester les couverts annuels et le semis direct.
Et pour commencer, éviter les parcelles à problèmes.
Aude Pelletier, Témoignage du conseiller Occitanie