Au-delà de son rôle dans le système fourrager d’une exploitation, la prairie présente une série d’avantages agronomiques si elle est intégrée dans une rotation culturale.
Les polyculteurs-éleveurs pratiquant l’agriculture de conservation peuvent en tirer des bénéfices notamment en termes de gestion du salissement et de la vie du sol.
Cependant, la maîtrise des techniques d’implantation, entretien et destruction reste fondamentale pour obtenir les gains espérés.
Les agriculteurs enquêtés remontent que la prairie en agriculture de conservation permet de diminuer les IFT en utilisant moins de produits phytosanitaires.
Suite à un déstockage et épuisement, les adventices sont plus faiblement présentes.
L’activité biologique est stimulée car les perturbations sont minimisées, ce qui entraîne également un meilleur stockage de matière organique.
La qualité de sol est améliorée ce qui permet de limiter le ruissellement et le lessivage d’éléments nutritifs.
A contrario, la conduite de la prairie (épandage, récolte, pâturage) selon les conditions d’humidité du sol peut limiter les intérêts présentés.
L’implantation de la culture suivante peut être impactée avec la présence importante du chevelu racinaire de la prairie, ce qui peut entraîner :
L’implantation d’une prairie se doit d'être réussie car elle représente un investissement sur plusieurs années. Investissement d’autant plus important si on utilise des mélanges riches en trèfles.
Comment réussir son implantation de prairie ?
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Intégrer une prairie dans la rotation n’implique pas automatiquement l’obtention de tous les bénéfices associés.
Des interventions avec des matériaux lourds ou un chargement trop élevé peuvent déterminer le tassement du sol.
Avec 4 à 5 récoltes sur l’année, 100% de la surface d’une prairie est roulée par les matériels. De plus, on estime à 6,5 t/roue le poids maximum supportable par un sol.
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Malgré les efforts en matière de prévention, la météo de l’année ainsi que les périodes de passage peuvent déterminer des conditions favorables au tassement du sol sous la prairie.
Pour relancer sa productivité ou pour préparer l’implantation d’une culture en ACS, une opération de fissuration du sol peut se révéler utile.
Selon l’objectif l’itinéraire technique est à adapter.
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Si la prairie apporte de nombreux bénéfices agronomiques à l’échelle de la rotation, une destruction efficace en agriculture de conservation est déterminante pour réussir la culture suivante.
Dans le cas d’une culture de printemps comme le maïs, la prairie devrait être détruite avant le printemps pour éviter un redémarrage dans la culture :
Si on choisit une destruction de printemps, les conditions météo de l’année seront déterminantes.
Pour assurer la réussite de l’opération, un « mulchage » de surface sera nécessaire, par exemple un passage de rotavator suivi de un ou deux passages de herse rotative.
Dans tous les cas, il faudra intervenir au plus tôt et travailler le plus finement possible dès le 1er passage.
Afin d’éviter le dessèchement des couches de surface, l’utilisation d’un rouleau est conseillée. Souvent, l’application de 540g/ha de glyphosate (hors vivaces) est suffisante pour compléter l’itinéraire technique.
Dans le cas d’une céréale d’hiver, l’itinéraire technique pour une destruction mécanique sera le similaire au précédent, avec la possibilité d’implanter un couvert à cycle court avant la céréale si la date de semis est adaptée.
Pour un itinéraire chimique la destruction pourra se faire au moment de l’implantation..
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Les outils mécaniques peuvent être utilisés en complément ou en absence de glyphosate. Dans ce dernier cas de figure il faut généralement 3 passages, à l’exception du rotavator efficace en un seul passage, mais le débit de chantier est assez faible.
Le déchaumeur à disques indépendants ne permet pas d’atteindre une destruction satisfaisante.
Les outils à dents doivent être équipés de socs à patte d’oie pour un bon scalpage et la reprise doit se faire avec un outil capable de secouer les bandes découpées.
Le dynadrive est très adapté mais un seul passage est rarement suffisant.
Le désherbage électrique a été testé dans le cadre du projet Praigly pour un itinéraire technique sans glyphosate et sans labour.
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Les principaux points de vigilance, notamment en semis direct (semoir à disques) et strip-till sont :
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Exemple du système de V. PICOT (50)
Agriculteur polyculteur bovins lait, son système est basé sur l’herbe. Il essaye avec son système d’être plus autonome et respectueux de l’environnement.
Thématiques : strip-till, semis direct, méthanisation, prairie
S. LANDAIS (85)
Agriculteur polyculteur bovins lait, il réfléchit à une adaptation de son système en passage en ACS en modifiant la composition de ses méteils.
Thématiques : prairie, rotation, strip-till
Les prairies temporaires intégrées dans une succession de cultures annuelles présentent un intérêt agronomique majeur, notamment pour la gestion des adventices, et ce par deux leviers :
En agriculture de conservation, on s’intéresse également à limiter au maximum le travail du sol. La destruction de la prairie peut se révéler être une étape délicate. En effet, les systèmes racinaires de la flore prairiale sont très denses, avec une forte aptitude à repartir en végétation après une perturbation mécanique.
Quelques leviers ont été mis en évidence pour favoriser la réussite de cette étape de la rotation :
Par la suite, on peut débuter la rotation avec une culture d’hiver ou bien enchaîner avec un deuxième couvert relai avant d’implanter la culture de printemps.
Témoignage du conseiller Normandie
Clément CHEVALIER