La vie du sol en Agriculture de conservation, la mesurer, la favoriser
Le sol est un habitat et de nombreux organismes y vivent. Ces organismes apportent des services à la production agricole, une petite partie d’entre eux peuvent aussi provoquer des dégâts sur les cultures.
Les rôles principaux des êtres vivants du sol pouvant soutenir la production agricole sont :
En agriculture de conservation, l’absence de travail du sol fait qu’il est indispensable de profiter des services offerts par les êtres vivants du sol pour assurer le développement des plantes. On cherchera donc à orienter l’activité biologique du sol au profit de la production agricole.
L’indicateur le plus accessible est l’abondance des vers de terre, deux méthodes principales existent :
Le principe est d’arroser une zone délimitée (1m²) avec un arrosoir contenant un mélange de moutarde et d’eau.
La moutarde fait sortir une grande partie des vers de terre, il reste à les attraper et les compter.
Les vers de terre étant intacts, quoi qu’un peu irrités, il est aussi possible de les identifier !
Le principe est de prélever un carré de terre à la bêche, le poser sur une bâche et défaire la motte de terre prélevée pour compter les vers de terre présents.
Dans les deux cas, le prélèvement des vers de terre pour comptage doit être fait sur un sol humide et suffisamment réchauffé, en période d’activité des vers de terre. Conditions que l’on retrouve au printemps et à l’automne.
D’autres indicateurs existent et ont été référencés dans le Guide Microbioterre d'Arvalis
Les effets sur la structure sont les plus facilement abordables. Un test-bêche peut être réalisé pour observer la capacité du sol à se fragmenter.
Un sol bien structuré est formé d’agrégats qui ont été construits et maintenus par les racines des cultures et des couverts mais aussi par les êtres vivants du sol.
Une autre technique permettant d’observer son sol est le profil cultural. Une méthode simplifiée fait intervenir l’usage d’un chargeur télescopique de façon à observer le sol à hauteur d’Homme.
L’apport de matière organique est le principal carburant de la vie du sol. Les matières organiques sont toutes produites par photosynthèse. Il faut donc maximiser la couverture du sol, la productivité des parcelles et le retour au sol.
Les expérimentations mises en place au sein des Chambres d’agriculture nous apportent quelques enseignements.
Le graphique ci-dessous montre que la réduction du travail du sol et l’apport de matières organiques permet d’avoir le maximum de vers de terre :
La réduction du travail du sol permet de limiter la destruction de l’habitat des vers de terre anéciques. Les vers de terre endogés de plus petite taille et sans habitat fixe sont moins impactés.
D’après les enquêtes réalisées auprès des agriculteurs, les pratiques favorables sont les suivantes (par ordre d’importance) :
En agriculture de conservation des sols, la biologie du sol est souvent placée au premier plan de la fertilité car elle conditionne et améliore significativement les trois autres piliers de la fertilité (physique, chimique et hydrique).
Il coexiste aujourd’hui une telle diversité de microorganismes (champignons et bactéries) qu’il est difficile de les décrire entièrement et d’en faire une liste exhaustive. Toutefois, au travers de l’observation du sol et des cultures il est possible de déterminer si un sol est biologiquement « actif » ou non.
Ces observations seront toujours reliées au contexte pédoclimatique (texture, présence de calcaire, profondeur du sol et sous-sol, hydromorphie…) et à la période de l’observation.
Des indicateurs visuels comme le nombre et le type de vers de terre dans une bêchée de 25 cm (en grandes cultures on considère qu’une densité de dix vers de terre sur une bêche en période d’activité est suffisante).
La présence de turricules, de galeries de vers de terre, la forme des mottes et le niveau de dégradation des résidus sont par exemple des indicateurs visuels qui permettent d’évaluer le niveau d’activité biologique. La réalisation d’analyses de sol permet de mesurer le rapport Carbone sur Azote du sol (fonctionnement optimal entre 8 et 12) ainsi que l’abondance de microorganismes (seulement sur certaines analyses).
L’activité biologique est fortement dépendante des conditions d’oxygénation du milieu, de la présence de différents types de matières organiques (plus ou moins carbonées) et de la présence d’eau dans le sol. Ce sont des paramètres sur lesquels il est possible d’agir pour favoriser la faune et la flore du sol.
Anthony Page, Conseiller Chambre d’agriculture du Gers