Le trèfle violet partage plusieurs atouts avec la luzerne : culture économe en intrants (pas d’azote minéral, peu de traitements phytosanitaires), et restitution d’azote à la culture suivante. Contrairement à la luzerne, le trèfle violet s’implante mieux en sol acide, il valorise bien le climat normand avec des pluies régulières dans la zone Bocage. Plus agressif que la luzerne au démarrage, il concurrence mieux les adventices.
Date de semis | Au printemps, à partir du 1er mars ou bien en été après la récolte d’une céréale, si possible avant le 1er septembre. |
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Densité | Trèfle violet en pur - Diploïdes 15 à 20 Kg - Tétraploïdes 20 à 25 Kg |
Profondeur | 1 à 2 cm Semis possible sous couvert de méteil en fin hiver. |
Ecartement | Le semis s’effectue classiquement en lignes avec un semoir à céréales dont les éléments semeurs peuvent être écartés de 17,5 cm ou mieux de 15 ou 12 cm. |
Il n’est pas besoin d’inoculer la semence. Prévention limaces à prévoir. Association possible avec une graminée (Ray grass hybride) ou dans une prairie multi espèces.
Le choix s’oriente vers une :
Difficiles à sécher en culture pure, elles sont à semer en association avec une variété diploïde.
En association avec le trèfle violet, il vaut mieux choisir des variétés de ray grass à faible remontaison et résistantes (rouille, verse…). Avec un Ray Grass hybride, les doses conseillées sont : 8 à 10 kg/ha de trèfle violet + 8 à 10 kg/ha de RGH. Le trèfle violet s’installe bien et peut devenir envahissant en association ou mélange.
Des innovations ces dernières années permettent de disposer de variétés «longue durée» (3 ans et plus) et certaines adaptées au pâturage (Pastor).
Selon le début de salissement, il peut être conseillé de désherber le jeune trèfle. Ensuite, le trèfle violet est suffisamment concurrentiel pour limiter voire éviter le désherbage, sinon fauche de nettoyage possible.
Plusieurs herbicides sont utilisables sur le trèfle violet. Prendre contact avec votre conseiller cultures.
Surveillez dès le semis les limaces, les tipules, les sitones.
Difficile à récolter en foin, le trèfle violet s’utilise essentiellement en ensilage ou enrubannage. En fauche, 3 coupes voire 4 par an sont possibles.
Le trèfle violet est bien adapté à l’ensilage (teneur en sucres autour de 8 à 10 % en 1re coupe) et son pouvoir tampon est plus faible que celui de la luzerne De plus il contient naturellement une enzyme qui limite la dégradation des protéines. Les fauches précoces améliorent l’ingestion.
Un minimum de ressuyage est recherché pour atteindre 25 % de MS. Préfané à partir de 30 % de MS, il est alors possible de se passer de conservateur, cependant cet objectif est plus difficile à réaliser en 1er coupe.
L’enrubannage est plus facile à réaliser pour les coupes suivantes, et offre l’intérêt de limiter les pertes de conservation. Les ensilages de trèfle violet sont généralement plus stables que ceux de luzerne.
Des essais au Pin au Haras affichent des rendements de 11 t de MS pour un trèfle violet en 2e année, récolté en ensilage et en BRE, la 3e coupe ayant eu lieu le 1er septembre.
Stade de récolte optimal (compromis rendement MS et taux de MAT) : début bourgeonnement à bourgeonnement pour la 1er coupe.
Laisser fleurir sur les coupes suivantes pour favoriser la reconstitution des réserves.
Feuille et fleurs | 27,8 % |
Folioles | 14,5 % |
Tiges | 8,6 % |
Avec un ensilage ressuyé (35 % MS et plus) et bien conservé, l’introduction de trèfle violet dans la ration hivernale permet de maintenir les performances laitières avec un apport de concentré énergétique en substitution d’un correcteur azoté. Les résultats avec une ration mixte ensilage de trèfle violet et maïs permettent des productions laitières supérieures à celles obtenues avec luzerne.
Les essais récents sont peu nombreux en France.
Résultats de 5 essais français 1985/86 sur vache en milieu de lactation, à quantité de concentré égale
Ecart entre ration mixte maïs + ensilage trèfle violet (56 %/44 %) moins ration maïs (100 %)
L’ingestion, la quantité de lait sont maintenues. La composition en acides gras diminue le TB. La baisse du TP est due à une limitation en énergie. Des éleveurs normands introduisent 50 % d’ensilage de trèfle violet en complément de maïs ensilage pour des rations productives. La complémentation énergétique doit être bien adaptée.
La faible teneur des ensilages en MS pénalise l’ingestion comme l’a montré l’essai de 2008.
Des références étrangères montrent qu’une ration pâturage seule avec seulement 2 kg de concentré permet d’atteindre 32 kg de lait. Le mélange trèfle violet graminée facilite le pâturage (à adapter à nos conditions avec précaution).
Si l’on part d’un troupeau de 45 laitières, le gain est de l’ordre de 1 136 € soit + 6 €/1000 litres en ration hivernale. D’autre part la réduction de l’engrais azoté et du correcteur diminue les entrées d’azote de 1,8 t sur l’ensemble d’une telle exploitation.
Le trèfle violet est utilisable aussi en bovins viande. Un suivi à l’Inra du Pin au Haras a comparé les performances de génisses charolaises alimentées avec de l’ensilage ou de l’enrubannage de trèfle violet, récolté en 1re et 2e coupe à la même date et sur la même parcelle.
La ration comportait seulement un complément minéral en plus du trèfle, l’essai a duré 77 jours.
L’ingestion a été identique pour les 2 formes de conservation, mais les GMQ sont inférieurs pour l’enrubannage. Ils reflètent la valeur UF de l’enrubannage logiquement inférieure à celle de l’ensilage (0,75 contre 0,80). Les données sur taurillons, essentiellement laitiers datent des années 80, avec notamment un essai à Vaux sur Aure (14). A cette époque, les performances des taurillons étaient décevantes, les valeurs réelles du trèfle violet étaient inférieures à celles affichées dans les tables INRA qui, depuis, ont été revues à la baisse.
L'amélioration des performances par l'emploi d'un conservateur (l'acide formique) et d'une complémentation azotée adaptée, montre que l’amélioration de la valeur azotée de l'ensilage de trèfle violet augmente les performances animales.
Il existe peu de données récentes en alimentation des bovins viande, notamment des vaches allaitantes.
Cependant une ration équilibrée, correspondant aux besoins des animaux est tout à fait envisageable.