Productions animales,
Plante fourragère
Dernière mise à jour le 04 décembre 2024
Suite à une enquête auprès des éleveurs du Grand Ouest, découvrez des références terrain inédites
Assurer une ration équilibrée en protéines à ses animaux devient aujourd’hui de plus en plus compliqué pour les éleveurs.
Avec la hausse des cours liée à la forte demande suite à la reprise économique post Covid, le changement climatique et l’instabilité des marchés causée par la guerre en Ukraine, la question de l’autonomie protéique est un enjeu grandissant.
Les Chambres d’agriculture de Bretagne, de Normandie, de Nouvelle-Aquitaine et des Pays de la Loire ont lancé en novembre 2020 avec leurs partenaires, un projet commun autour de ces problématiques : SiT’ProT’In.
Il vise à centraliser l’ensemble des références existantes sur l’autonomie protéique et à faire connaître ses différents leviers auprès des différentes filières d’élevage.
Pour compléter cet accès libre à l’information, plusieurs parcours de formation sont également créés dans le cadre de ce projet. Afin de répondre au mieux aux besoins des différents publics, une enquête a été réalisée auprès des éleveurs, techniciens, conseillers, étudiants et enseignants, au cours de l’année 2021.
Dans le contexte sanitaire du Covid et aux vues de l’étalement géographique du projet SiT’ProT’In, l’enquête a été diffusée en ligne de mars à juin 2021, afin de pouvoir toucher le plus grand nombre d’éleveurs possible. Ce mode de diffusion a rencontré un certain succès, avec plus de 300 réponses d’éleveurs enregistrées lors de la clôture de l’enquête.
A travers le questionnaire, les éleveurs ont été interrogés sur leur opinion à propos de l’autonomie protéique, l’historique des leviers mis en place ou testés sur leur exploitation pour s’améliorer dans ce secteur et sur la façon dont ils se tiennent informés sur cette thématique. Parmi ces répondants, 80 % élèvent exclusivement des ruminants, 5% élèvent exclusivement des monogastriques (porcs et/ou volailles), et 15 % élèvent les deux.
La première observation que l’on peut faire à travers les réponses des éleveurs, est la divergence des points de vue sur l’autonomie protéique.
En effet, lorsque l’on demande quelle est LA priorité en matière d’autonomie protéique, près de trois quarts des éleveurs de ruminants choisissent la production et l’autoconsommation de fourrages et aliments riches en protéines.
Pour les éleveurs de porcs et de volailles, les avis sont partagés entre ce pilier et les deux autres : privilégier les matières premières locales ou économiser des protéines sur l’exploitation. Si, toute filière confondue, plus de la moitié sont convaincus des avantages de l’autonomie protéique, cette part de convaincus est plus importante chez les éleveurs de ruminants que chez les éleveurs de monogastriques.
Pour autant, l’ensemble des éleveurs voit l’intérêt de l’autonomie protéique vis-à-vis de son impact positif sur l’environnement et s’accordent sur la compatibilité de celle-ci avec un bon niveau de performances zootechniques. A l’inverse, les avis sont plus restreints concernant une maîtrise de la charge de travail et de la gestion des cultures.
A différents systèmes d’élevages, différentes mises en œuvre de l’autonomie protéique.
Les éleveurs de ruminants ont une approche plus agronomique, centrée sur la production et l’autoconsommation de fourrages riches en protéines, tandis que les éleveurs de porcs apportent autant d’importance à l’animal qu’à l’aliment -une approche hybride, à la fois agronomique et zootechnique- avec une volonté de réduire les besoins en protéines tout en favorisant l’autoconsommation de céréales sur l’exploitation. On retrouve cette approche hybride chez les aviculteurs en circuit-courts et pondeuses libres.
Ceci rejoint les réponses des éleveurs lorsqu’interrogés sur la priorité en matière d’autonomie protéique.
En grande majorité (80 %), les éleveurs se tiennent informés sur ce sujet par la presse, mais également via des sites internet et newsletters (58 %) voire de la documentation technique (53 %) ou des portes ouvertes et journées techniques (47 %).
Leur interlocuteur privilégié reste néanmoins les conseillers et techniciens qui les entourent, la moitié d’entre eux n’hésitent pas non-plus à s’adresser à leurs pairs pour se renseigner sur l’autonomie protéique. Toutefois, un quart des éleveurs a déclaré avoir déjà rencontré des difficultés pour accéder à des informations sur l’autonomie protéique.
Pour ces éleveurs, cette difficulté est souvent due à un manque d’une source unique centralisant les informations recherchées ou faute de savoir à qui s’adresser.
Ce projet a permis la création d’un e-book qui centralise des références et des articles concernant l’autonomie protéique ; lesquels sont classés selon plusieurs filières: bovins lait, bovins viande, porcs, volailles, ovins et grandes cultures.
Des leviers tels que l'usage de légumineuses fourragères et/ou des céréales protéagineux, le recours à davantage de pâturage, la réduction de l'indice de consommation, etc. sont autant de solutions qui peuvent être détaillées et répertoriées par filière grâce à ce projet.
Les éleveurs intéressés peuvent consulter gratuitement ces références au même endroit : des vidéos, des fiches techniques, des articles presse et autres supports sur le sujet. Un projet qui prouve une fois de plus l'engagement des agriculteurs et des Chambres d’agriculture en faveur des transitions agroécologiques. L’e-book continuera d’évoluer au fil de la publication des ressources notamment du projet plan de relance, Cap Protéines.
> Ces références sont disponibles sur le portail Champs d’innovation.
Rédigé par Jean-Marc Seuret et Marie-Lou Bernard - Chambre d’agriculture de Bretagne.
Projet Casdar SiTProTin, 2021.
Claire CARAES
Chargée d'études en production laitière biologique
Jean-Marc SEURET
Chargé d'études et de conseil Fourrages FAF Productions herbivores
Des supports de diffusion concernant l’autonomie…