Agriculture biologique
Dernière mise à jour le 17 septembre 2024
Depuis plus de deux ans, l’agriculture biologique traverse une période compliquée. Face à la conjoncture, certaines exploitations bio font le choix de revenir à l’agriculture conventionnelle. Cependant, l’agriculture biologique attire encore de nouveaux candidats dans la région, essentiellement en légumes et en fruits, sur des petites surfaces.
Fin 2023, la Normandie comptait 2 335 exploitations bio (- 3 exploitations / 2022), d’une SAU moyenne de 55 ha ; pour une surface totale engagée en bio (certifiée bio et en conversion) de 129 422 ha (- 4 % / 2022). Ainsi, pour la première fois en Normandie, on observe un léger recul des surfaces conduites en bio (perte de 5 000 ha entre 2022 et 2023). La part consacrée à l’AB atteint 6,7 % de la SAU normande fin 2023 (contre 6,9 % fin 2022), ce qui place la Normandie à la 11e place sur 13 régions métropolitaines. Ce recul des surfaces en bio, également observé dans d’autres régions, est corrélé à la conjoncture difficile que connaît l’AB depuis fin 2021.
Cependant, l’agriculture biologique attire encore de nouveaux candidats. Ainsi, en 2023, un peu plus de 110 nouvelles exploitations se sont engagées en bio dans la région, dont la moitié en production de légumes et fruits bio, sur des petites surfaces. La plupart ayant pour projet de commercialiser tout ou partie de leur production en vente directe (avec ou sans transformation).
Tous les ans, des exploitations bio se désengagent de la certification en agriculture biologique. Mais un arrêt de certification bio ne correspond pas toujours à un retour à l’agriculture conventionnelle. Lorsque les raisons de l’arrêt de certification bio sont identifiées, de nombreux cas de figure en sont à l’origine : cessation totale de l’activité agricole (dont les départs en retraite), cessation de l’activité bio avec poursuite de l’activité agricole (ce qui pourrait s’assimiler à une « déconversion »), autres raisons, notamment « administratives » comme le changement de raison sociale ou de statut lors d’une cession/reprise d’exploitation, la fusion d’exploitations ; le changement d’organisme certificateur…
Entre 2014 et 2021, en Normandie, les arrêts de certification bio (tous motifs confondus) oscillent entre 2,7 % (en 2018) et 4,3 % (en 2015). En 2022, ce taux progresse pour atteindre 6,2 % dans la région (contre 3,6 % en 2021). En 2023, les arrêts de certification bio (tous motifs confondus) se stabilisent à 6,3 % dans la région. Dans les départements normands, ces taux d’arrêt de certification bio sont relativement homogènes pour l’année 2023 : ils s’échelonnent de 6 % dans l’Orne à 7 % dans l’Eure.
Ces chiffres des arrêts de certification bio ne prennent pas en compte les fermetures d’ateliers bio (avec poursuite d’activité pour les autres ateliers bio de l’exploitation), la non mise en production, ni les limitations de production mises en place dans certaines filières bio.
En 2023, les productions principales des exploitations bio (sachant qu’une exploitation bio a une production principale bio et peut avoir d’autres productions bio secondaires) concernées par les arrêts de certification bio en Normandie (tous motifs confondus) sont le reflet des productions bio régionales : élevage bovin (lait et viande au même niveau), grandes cultures, légumes, fruits et surfaces fourragères. Viennent ensuite quelques ateliers diversifiés : volailles de chair, œufs, porcs, ovins et caprins. Ces productions bio étant moins présentes en Normandie, il est logique que leur arrêt de certification bio soit moins fréquent.
En 2022, les arrêts de l’activité bio avec poursuite de l’activité agricole (ce qui pourrait s’assimiler à une « déconversion ») sont la principale raison de l’arrêt de certification bio, avec 39 % des arrêts de certification bio, devant les arrêts administratifs (24 %) et les arrêts totaux de l’activité agricole (22 %). Pour la première fois en 2023, les arrêts de l’activité bio, avec poursuite de l’activité agricole dépassent le seuil des 50 % des arrêts de certification bio, pour arriver à 55 %, devant les arrêts administratifs (20 %) et les arrêts totaux de l’activité agricole (17 %). Dans les départements normands, ces taux d’arrêt de l’activité bio, avec poursuite de l’activité agricole sont plus hétérogènes pour l’année 2023 : ils s’échelonnent de 48 % des arrêts de certification bio dans l’Orne à 68 % dans l’Eure.
En 2023, les arrêts de certification bio (= population arrêtée au cours de l’année / population engagée en début d’année), tous motifs d’arrêt confondus se stabilisent à 6,3 % en Normandie. Les arrêts de l’activité bio, avec poursuite de l’activité agricole (ce qui pourrait s’assimiler à une « déconversion ») représentent 55 % de ces arrêts de certification bio, ce qui donnerait un « taux de déconversion » (toutes productions bio confondues) de l’ordre de 3,5 % en Normandie pour l’année 2023. Dans les départements normands, ces « taux de déconversion » s’échelonnent de 3 % dans l’Orne à 5 % dans l’Eure (toutes productions bio confondues).
En 2023, les arrêts de l’activité bio avec poursuite de l’activité agricole (ce qui pourrait s’assimiler à une « déconversion ») concernent également les principales productions bio de la région, à savoir : les bovins (lait et viande au même niveau), les grandes cultures et les légumes. Viennent ensuite quelques ateliers diversifiés : volailles de chair, œufs, ovins et caprins.
Les arrêts de certification bio ne sont pas un phénomène nouveau en Normandie. Ils se sont développés (pour divers motifs) en même temps que l’AB progressait dans la région. Jusqu’en 2022, malgré la hausse régulière des arrêts de certification bio (tous motifs d’arrêt confondus), le nombre d’exploitations bio continuait de progresser : le solde annuel « nouvelles exploitations engagées en bio - arrêts de certification bio » était positif.
Pour la première fois en 2023, le solde est quasi nul : on enregistre autant d’arrêts de certification bio (tous motifs d’arrêt confondus) que de nouvelles exploitations engagées en AB. Ainsi, fin 2023 la région compte 2 335 exploitations bio (seulement 3 de moins qu’en 2022).
Au niveau national, le solde annuel 2023 reste positif avec 1 274 exploitations bio de plus qu’en 2022. Fin 2023, la France compte 61 163 exploitations agricoles engagées en AB (SAU moyenne de 45 ha), soit 14 % des exploitations agricoles françaises.