Agriculture biologique
Dernière mise à jour le 25 novembre 2024
La production de houblon bio est peu répandue en Normandie. Cette production rentable semble pourtant bien adaptée au climat, mais demande des infrastructures particulières et 600 h de main d’œuvre/ha/an.
Les microbrasseries (< 1 000 hl) et les brasseries artisanales (entre 1 000 et 50 000 hl) sont, pour plus de la moitié d’entre elles, certifiées en bio. Chez les grands industriels (> 200 000 hl), qui représentent 90% de la production française de bière, le bio représente moins de 1% des volumes.
notifiées et engagées en bio selon l'Agence bio en 2022
bio et conventionnelles en Normandie
de houblon bio et conventionnel sont produits en France dont 20 ha en Normandie
La part du marché* de la bière bio par rapport à l’ensemble du segment reste faible, évaluée à un peu plus de 2% en volume et 3% en valeur en 2022, nettement en deçà de celle du vin bio – proche de 6,5% en 2022 en valeur.
Le houblon sert à donner du goût à la bière : de l’amertume avec les variétés « amérisantes », ou de l’arôme avec les variétés « aromatiques ». Les variétés qui jouent sur ces deux tableaux sont dites « doubles ». C’est la fleur de houblon qui sera récoltée.Chaque variété apporte une caractéristique différente. Tout l’art des brasseurs réside dans le choix et l’assemblage de ces houblons, pour donner du caractère à leurs produits.Il existe 300 variétés de houblons dans le monde, dont seulement 35 disponibles en bio en France *.
Pour installer une houblonnière, il faut planter des rhizomes de houblon à 5 cm de profondeur et 1,1 m d’écartement. Ces rhizomes doivent avoir un passeport sanitaire, pour éviter la propagation de certaines maladies.
La houblonnière produit 0 à 30% de son potentiel en 1ère années, 40 à 70% en 2ème année, et entre en pleine production dès la 3ème année.
Parmi les ravageurs de la culture, on compte les sangliers et chevreuils, d’où la présence d’une clôture électrique entourant la parcelle de Benoît. Le mildiou est combattu avec des pulvérisations à base de cuivre. L’oïdium n’est pas encore rencontré en Normandie. La verticilliose est une grave maladie, par chance non rencontrée en France, car elle suppose 40 ans de rémanence avant d’implanter un nouveau houblon !
En mars, il faut tailler, installer les ficelles en fibre de coco qui serviront à palisser le houblon, et fertiliser (apport de compost de fumier de cheval tous les ans chez Benoît). Les ficelles sont changées tous les ans, et sont positionnées en « V » pour permettre aux lianes de se développer en longueur et de capter plus de rayonnement lumineux.
En avril/mai, il faut enrouler les 2 ou 3 jeunes lianes du rhizome sur ces ficelles (dans le sens des aiguilles d’une montre), pour qu’elles puissent s’y enrouler seules par la suite. Pour ce travail manuel, il faut compter chez Benoît 7 jours pour 1ha. Le désherbage sur le rang se fait également à la main ; sur l’inter-rang, c’est un broyeur qui intervient.
Les fleurs femelles non fécondées sont récoltées fin août/début septembre : les lianes sont alors décrochées (en tirant sur les ficelles, qui cèdent), placées sur le plateau d’un tracteur, et passées dans une cueilleuse à houblon (machine allemande). Les fleurs récupérées sont ensuite passées dans un séchoir à air à 60°C (compter 6 à 7h de séchage). Une fois refroidies, les fleurs sont broyées puis transformées en pellets, à destination de 70 clients.
Pour palisser les 2 500 lianes présentes sur 1 ha, les ficelles sont nouées sur des câbles tenus par 100 poteaux, arrimés au sol par des ancres. Il faut compter 13 000 €/ha pour l’implantation de la structure.
Le rendement est très variable sur les 3 premières années : 70 à 900 kg/ha !
En croisière, une houblonnière produit environ 800 kg/ha de fleurs séchées, vendus 37 €/kg HT en sac de 5 kg. Le produit se chiffre ainsi à environ 30 000 €, duquel il faut déduire 15 000 € de charges directes. La marge brute s’établit à 15 000 €/ha, sans compter ni la main d’œuvre, ni l’amortissement du matériel et de l’investissement de départ.
* source : BIOFIL n°150 de déc 2023
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Amandine GUIMAS
Conseillère en Agriculture Biologique
Normandie