Évolutions climatiques : s’adapter en élevage bio

L’agriculture, seul secteur d’activité qui stocke du carbone

Les prairies stockent beaucoup de carbone durant leurs 30 premières années d’implantation. Le stockage diminue au-delà mais reste non nul.

L’empreinte carbone des exploitations laitières en AB

Comment s’adapter face aux évolutions climatiques en maintenant un certain niveau de production ? (exemples non exhaustifs)

Sur le troupeau

• Organiser ses périodes de vêlage selon la pousse de l’herbe, par exemple 60 % de vêlages à l’automne et 40 % au printemps
• Implanter des arbres, des haies ou de l’agroforesterie : Pprotection et baisse du stress thermique : - 6°C sous les arbres aux heures les plus chaudes de la journée

Adapter le système fourrager

• Réduire son chargement pour passer plus facilement les années à moindre production fourragère
• Allonger sa période de pâturage et l’adapter en fonction de la portance tout en respectant un repos minimal hivernal de la prairie de 2 mois
• Choix variétal : adapter la précocité selon le type de sol
• Choix des espèces fourragères prairiales résistantes à la sécheresse : fétuque, dactyle, luzerne…
• Semer les prairies sous couvert pour sécuriser l’implantation
• Faire du stock d’herbe sur pied, à pâturer en période de sécheresse
• Toujours avoir du stock d’avance
• Maintenir et planter des arbres :
  • Pour maintenir la production de la prairie en période de sécheresse par l’ombrage, limitant l’évapotranspiration
  • Pour disposer d’une autre ressource fourragère : certaines espèces comme le mûrier blanc ont de très bonnes valeurs alimentaires : 17 % MAT, 83 % de digestibilité
• Cultiver des espèces fourragères annuelles (moha, millet, sorgho… avec trèfles d’Alexandrie, trèfle de Perse, vesce velue…), diversifier les ressources fourragères  

Comment atténuer l’empreinte carbone ? (exemples non exhaustifs)

A l’échelle de l’exploitation certaines pratiques permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Certaines seront plus faciles et moins coûteuses à mettre en place que d’autres.

Notons qu’un index (methabreed) sera disponible dès 2025 sur certaines souches laitières afin de sélectionner sur le critère « moins émetteur de méthane ».

Réduire le nombre ou la durée d’élevage des animaux « improductifs »

• En élevage laitier : élever uniquement les génisses nécessaires pour le renouvellement : intérêt économique et légère baisse du temps de travail (l’élevage d’une génisse jusqu’au vêlage représente entre 18 et 20 h de travail).
• Allongement de la carrière des vaches : en élevage laitier, ce sont les 3e et 4e lactations qui sont les meilleures. La 5e lactation équivaut à la 2e lactation. Faire vieillir ses vaches, c’est augmenter le lait produit par jour de vie.
• Réduire l’âge au 1er vêlage de 36 mois à 30 mois voire 24 mois selon les races laitières comme allaitantes : intérêt économique (gain jusqu’à 40 €/mois de réduction d’âge au vêlage/génisse). Nécessite une bonne gestion du pâturage et une distribution de fourrages de qualité aux génisses.

Maintenir et entretenir ses prairies

• Une prairie pâturée stocke plus de carbone qu’une prairie fauchée via un apport direct de matière organique par les déjections et moins d’exportation de carbone du fait de l'herbe résiduelle (Liebig et al. 2010).
• Fertiliser la prairie avec de la matière organique surtout celles qui sont pauvres en matière organique car une carence en azote peut déstocker du carbone (Sharazad et al. 2012).  
• Maintenir une part importante de légumineuses dans la prairie : les légumineuses peuvent réduire les émissions de N2O jusque 20 % (INRA).

Cultiver des intercultures

• La biomasse produite par les intercultures permet de réalimenter le sol en humus et de stocker du carbone : ~240 kg C/ha/an.

Réduire sa consommation d’énergie et ses émissions de GES

• Adopter l’éco-conduite
• 45 % des consommations électriques d’une exploitation laitière sont générées par le refroidissement du tank et 35 % par le chauffe-eau pour le lavage de la salle de traite : installer un pré-refroidisseur à lait permet de réduire de 45 à 50 % les consommations électriques ou un récupérateur de chaleur sur le tank qui permet de réduire de 70 à 80 % (retour sur investissement : 4 à 6 ans avec aide petits investissements comptabilisée).

Limiter les pertes par les effluents d’élevage

• Couvrir les fosses à lisier (surcoût de 1 à 2 €/m3) :
  • Réduction du volume de lisier de 20 à 30 %
  • Réduction des émissions d’ammoniac par volatilisation de 30 à 50 % et de méthane
• Méthaniser les effluents : - 20 à - 50 % d’émissions en éq CO₂/ha/an ( /!\ investissement élevé, propriétés agronomiques du digestat différentes de l’effluent)

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