Témoignage

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Augmenter la valeur de mon exploitation par l’agroforesterie

Installé à Villiers-en-Desoeuvre dans l'Eure, sur 104ha de terres argilo-calcaires, Philippe Gouery s’est lancé dans l’agroforesterie en 2009, avec une étude de faisabilité réalisée par la Chambre d’agriculture.

Quelles étaient vos motivations pour faire de l’agroforesterie ?

J’étais déjà sensible à ce type d’organisation de l’agriculture, avec une vision qui dépasse le court terme. Intrigué par des parcelles agroforestières, j’ai d’abord commencé à m’y intéresser pour des raisons « esthétiques » : C’est un beau paysage qu’on n’a pas l’habitude de voir.

Techniquement, c’est passionnant ! J’avais l’impression de tourner un peu en rond au niveau technique, faire un peu toujours la même chose, je cherchais à faire « différent ».

Il y a beaucoup de références sur l’agroforesterie, mais il a fallu les adapter au mieux à notre région, en prenant toutes les sécurités possibles… Il y avait l’envie de faire « quelque chose d’autre ».

De plus, financièrement, le risque n’était pas énorme au départ, par rapport à d’autres tentatives malheureuses de diversification. En effet, comme je garde des cultures dans la parcelle et que les arbres n’ont pas un impact important les premières années, le revenu est assuré.

L’investissement de départ est de l’ordre de 1000 euros de l’hectare (matériel, main d’œuvre, préparation du sol compris). Mais j’ai pu bénéficier de plusieurs financements, et notre participation a été minime. En définitive, ces financements sont justifiés, puisque ce projet profite autant à la collectivité qu’à l’agriculteur : Je n’y trouverais mon intérêt qu’à la fin de ma carrière, au moment de la coupe, alors que les arbres agiront sur le paysage, la biodiversité, le CO2, l’érosion, l’eau, les nitrates… pendant les 40 à 60 ans de pousse des arbres.

Même si je peux espérer récolter les premiers arbres dans 30 ans, avant ma retraite, ce que j’en retirerais sera surtout la valeur foncière de ma parcelle, qui augmente avec les arbres qui seront dessus.

Un conseil pour quelqu’un qui voudrait se lancer ?

Y penser dès l’installation, pour pouvoir récolter le fruit de la vente des arbres avant la retraite : l’objectif est de tirer 1000 euros par bille au bout de 40 ans. Avec 150 arbres sur 3 hectares, et un objectif de 100% d’arbres menés à leur potentiel maximal, cela peut représenter une belle « assurance retraite » pour un jeune qui s’installe !

Et surtout, ne pas se lancer à l’aveuglette : Des références existent, mais c’est un domaine encore très nouveau sur le département, et il faut une étude de faisabilité pour réduire au maximum les erreurs au départ. 80% de la réussite d’un projet agroforestier se fait au moment de la plantation (choix des essences, travail du sol, implantation des lignes d’arbres…). Et les 20% restants résident dans la taille, au cours des 15 premières années. Si ces étapes sont préparées et que le projet est suivi de près, toutes les conditions de réussite sont rassemblées.