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Élevage laitier en Irlande : 6 points marquants

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vache, formation pour l'élevage bovin et lait

L’Etat irlandais encourage ses agriculteurs à devenir éleveurs laitiers !

C’est en effet une production qui contribue positivement au solde commercial irlandais. Les éleveurs laitiers gagnent bien leur vie et bénéficient d’une posture sociale élevée.

 

La production de lait biologique est peu développée en Irlande, environ 50 producteurs laitiers, car elle répond aux besoins intérieurs d’un pays grand comme un région française. Pour des coûts de production écrasés, l’herbe pâturée est le pilier de la production laitière irlandaise, très tôt dans l’année dès le mois de février. De plus, les bâtiments sont souvent peu rutilants et le parc matériel réduit aux indispensables en élevage. Petit focus génétique, la vache idéale pour ce système est clairement définie.

16 producteurs de lait français sont allés en Irlande en septembre 2022, dans le cadre de la formation « Décider aujourd’hui pour un élevage laitier bio durable demain ». L’objectif de cette formation consistait à adapter la stratégie de son exploitation laitière en s’appropriant les leviers irlandais pour produire du lait bio à bas coût.

 

L’herbe pâturée pour du lait à bas coût, avec des vaches au profil génétique idéal.

Une ration 100 % herbe pâturée dès le mois de février : comment font-ils ?

Tout se joue dès la fin octobre. Les 45 parcelles affectées au pâturage du troupeau laitier entament leur dernier tour de pâturage, à raison d’un temps de séjour d’1 jour par parcelle. Les parcelles libérées dès fin octobre vont accumuler leur pousse hivernale jusqu’au prochain retour des animaux en février. La hauteur d’herbe y sera alors de 12 à 15 cm et sera distribuée au fil. Au vu des conditions de portance compliquées, les animaux iront pâturer seulement 2 à 3 heures après chaque traite et consommeront ainsi 80 à 90 % de leurs besoins fourragers.

Le reste du temps, ils séjourneront dans un bâtiment ou une aire stabilisée, sans complément fourrager et avec un peu de concentré. Les chemins sont conçus pour pâturer en conditions humides. Les accès et la sortie de la parcelle se font avec des poignées réparties entre les différents piquets de la clôture afin d’emprunter des voies nouvelles à chaque passage.

 

Des chemins (très) soignés pour que les vaches pâturent en toute condition météo, et des poignées pour des accès entre chaque piquet de clôture.

Devenir éleveur laitier à 52 ans

A l’âge où de nombreux producteurs laitiers français s’interrogent sur la poursuite de l’activité laitière, Joe Whitty, initialement producteur de viande bovine, est devenu éleveur laitier à 52 ans en 2016. Incité par l’Etat à la suite de la suppression des quotas, par le « business » et la meilleure rentabilité, il a constitué un troupeau de 65 vaches laitières avec « un peu de tout », et construit une salle de traite : au début une 2 x 8 en simple équipement, puis maintenant une 2 x 10, dans le bâtiment de l’ancien troupeau allaitant. Il a choisi l’AB lors de ce changement de production, par goût, pour le bon prix du lait (estimé à 550 € les 1000 l en 2022) et pour vivre d’une ferme de taille modeste.

Depuis, son épouse a cessé son travail à l’extérieur… Il raconte avec un grand sourire qu’il travaille beaucoup, 80 à 90h / semaine (NDLR : on trouve que c’est énorme !) mais pour lui ce n’est pas du travail, c’est un choix de vie, et il a pris 4 jours de congés cette année. Et la retraite ? Joe n’a pas envie de la prendre ! Agé de 58 ans aujourd’hui, il pense encore poursuivre pendant 10 ans. A partir de 66 ans, il percevra une pension de l’Etat pour un montant de 250 € / mois.

 

Quel est le profil idéal de la vache pour ces systèmes pâturants avec des vêlages groupés ?

La vache idéale est présente sur le centre de recherche du Teagasc, dans le sud de l’Irlande, et elle se diffuse dans la plupart des fermes laitières irlandaises. Elle est légère, 500 à 600 kg de poids vif, pour ne pas abîmer les prairies lors des conditions humides. Elle a une fertilité très élevée pendant une courte période de reproduction pour permettre des vêlages groupés (90 % des vêlages en moins de 45 jours).

La productivité laitière n’est pas recherchée : les troupeaux produisent en moyenne 5500 l/ VL mais la matière utile, qui peut être selon les laiteries l’unique base de paiement du lait, est concentrée : des fermes visitées présentent du 48 en TB et 38 en TP avec très peu de concentré distribué. Ce profil de vache s’observe au travers de races mixes comme la Holstein Friesian irlandaise ou bien de races croisées notamment Holstein x Jersiaise. L’index génétique irlandais EBI (Economic Breeding index) intègre maintenant ces caractéristiques.

Des éleveurs créent une laiterie

Quand le prix du lait bio ne convient pas aux producteurs et qu’il existe un seul collecteur autour de vous, que faire ? En réaction, un groupe de 10 producteurs a créé la laiterie The Little Milk Company en 2009. Ils ont injecté chacun une mise de départ de 25 000 €. Aujourd’hui, ils transforment 3,5 millions de litres, dont 2 issus des 10 producteurs fondateurs, et 1,5 issu de producteurs externes. La transformation doit permettre une rémunération élevée aux créateurs, rétribués via le prix du lait et via des dividendes liés aux profits de l’entreprise. Pour illustration, le prix du lait était de 750 € les 1000 l en août 2022, 650 € en moyenne en 2022, et 500 € en moyenne en 2021. Selon les fondateurs, la compétition permise par ce nouvel acteur a été bénéfique pour tous les producteurs de lait bio irlandais.

Le produit phare est le cheddar bio, un produit à longue durée de vie, majoritairement exporté vers l’Allemagne (grâce aux contacts noués sur le salon bio Biofach) mais aussi vers la France et les USA. Pas d’investissement en dur : la fabrication est sous-traitée 2 fois par semaine à une entreprise laitière, dont la chaîne de transformation est certifiée AB, contre paiement d’une prestation. La petite laiterie compte 4 salariés : un gérant, un comptable, un logisticien et un commercial.

Du lait low cost

Le principal ingrédient du lait low cost, c’est bien sûr l’herbe pâturée. Pour elle : pas de frais liés à la récolte, à la distribution, aux épandages d’effluents. C’est le plat essentiel de toute la lactation avec des vêlages de printemps. Les stocks d’herbe, de piètre qualité en général, sont réservés au troupeau tari de la mi-décembre à la mi-février. L’autre ingrédient réside dans les bâtiments économes, tout en respectant la récupération et le stockage des effluents. Des bâtiments anciens sont encore visibles. Des bâtiments sans toit nous ont aussi surpris ! Peu de « cathédrales » neuves dans le

paysage. Et enfin le parc matériel est réduit en raison de la délégation de nombreux travaux, surtout ceux concernant le sol, les cultures et les récoltes d’herbe. Celui de Bill George, étalé en extérieur, comprenait pour 150 vaches 1 (ou) 2 tracteurs, un malaxeur et une tonne à lisier, une remorque, une pince à boules. Beaucoup moins contributeur au low cost, le foncier pèse très lourd dans les charges. Le loyer se monte régulièrement à 750 €/ha !

 

Des bâtiments anciens pour les vaches, ça ne vend pas du rêve mais ce n’est pas cher !

Un drôle de rôle pour le concentré

Pourquoi constatait-on un recours assez systématique au concentré dans ces fermes consommant de l’herbe pâturée ? De 250 à 1300 kg/VL/an, c’est un concentré énergétique, peu pourvu en protéines (17 % MAT), souvent importé car l’Irlande produit peu de céréales. Son rôle n’est pas d’équilibrer la ration entre énergie et protéines… Sa vraie fonction est souvent de compenser les fluctuations des quantités d’herbe ingérée, par exemple lors de la mise à l’herbe en février, quand les vaches vont pâturer pendant 3 h en couvrant seulement 80 ou 90 % de leur capacité d’ingestion. Ou encore quand, avec la sécheresse (2 mois sans pluie en 2022, les irlandais n’en avaient jamais connu avant 2018), les prairies pâturées ne pouvaient pas fournir la production habituelle. L’apport de concentré a remplacé une partie du fourrage manquant et a ainsi permis de maintenir un temps de repousse de 40 jours

avant retour dans la parcelle. Avec des chargements en général élevés et des périodes hivernales courtes, les stocks fourragers sont peu abondants et se trouvent difficilement sur le marché. Le concentré joue ainsi le rôle d’appoint fourrager.

En conclusion, cette formation en Irlande a permis aux participants d’élargir l’horizon des possibles en production laitière herbagère. Grace à la prise de recul hors de leur ferme, aux riches échanges entre eux, ils ont pu revisiter leur stratégie d’entreprise pour libérer du temps, pour faire évoluer leurs infrastructures et leur troupeau et pour améliorer la rentabilité de leur exploitation.

 

Retrouvez la formation de 2018 en Irlande

 



Formation en Angleterre en 2023 : pour prendre de la hauteur et adapter sa stratégie d’exploitation en système herbager, pour bousculer vos repères sur la conduite du troupeau et l’organisation du travail, réservez votre place pour la formation « Décider aujourd’hui pour un élevage laitier bio durable », 5 jours du 11 au 15 septembre 2023.
 

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