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Miscanthus : plusieurs débouchés possibles

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Comment valoriser son miscanthus en agriculture biologique ; c’est l’un des thèmes qui a été mis en avant à l’occasion d’une porte ouverte organisée chez Jean-Jacques PINGUET, agriculteur en AB depuis 2010 sur la commune de Conteville en Seine-Maritime.

Précédemment : « Miscanthus : l’implanter en bio, c’est possible ! »

Image : Étant en fin de carrière, Jean Jacques PINGUET a récemment arrêté de traire. Avant, il paillait les logettes des VL avec du miscanthus. Aujourd'hui, quelques génisses sont encore présentes, ici sur litière paille en sous couche plus miscanthus

La valorisation en litière

Plusieurs débouchés sont possibles, notamment en litière (en substitution à l’achat de paille extérieure). Cette valorisation présente un intérêt dans les systèmes biologiques très herbagers, totalement dépendants de l’achat de paille extérieure et en quête d’autonomie.

Il existe une multitude de gestion de litières avec le miscanthus. Parmi elles, la litière malaxée en aire paillée qui consiste à apporter une couche épaisse de 25 – 30 cm de miscanthus dans le bâtiment. Les brins de 2 à 3 cm sont éclatés de telle sorte que le corps spongieux joue pleinement son rôle d’absorption ; deux fois plus que celui de la paille.

La litière est ensuite aérée quotidiennement par le passage d’un tracteur avec un outil à dent ou animé. Les déjections fraiches se trouvent enfouies. L’opération a lieu généralement pendant la traite afin de laisser la litière sécher sans contact des animaux pendant au moins 2 heures. Malgré un aspect qui devient rapidement noirâtre pour la litière, les éleveurs qui utilisent cette technique s’accordent à dire que les niveaux cellulaires et les mammites ne sont pas affectés et ont même plutôt tendance à diminuer. En fonction du chargement du bâtiment et de la saison, la litière est enlevée tous les 3 à 8 mois. La technique impose toutefois que le bâtiment soit bien aéré et mécanisable ; orienté sud-est avec au moins un pan de mur ouvert, des ouvertures en faîtage, voire deux pans de murs ouverts.


La litière malaxée offre ainsi un certain confort aux éleveurs qui consomment moins de paille et dont la charge de travail est améliorée :

- Moins de travaux autour de la paille : pressage, transport, entrepôt, paillage,

- Moins de travaux autour de l’épandage de fumier : 1m3 de litière de miscanthus produit pour 8m3 de litière paille, donc du transport et de l’épandage en moins.

 

Il n’est cependant pas possible de pratiquer cette technique dans les petits bâtiments non mécanisables ou les bâtiments à veaux. Dans ce cas, les utilisateurs de miscanthus appliquent le miscanthus en une couche moins épaisse de 10-15cm. Puis, en fonction du chargement et du type d’animaux, ils rajoutent un peu de miscanthus dès lors que la litière s’humidifie ou bien ils curent plus fréquemment ; toutes les 4 à 6 semaines. Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de vérifier la température de la litière et curer dès que celle-ci atteint 30°C en surface et 36-37°C à 10 cm de profondeur.

 

Un intérêt économique par rapport à l’achat de paille

Prenons un exemple : un élevage en aire paillée de 1 200 m², pour 150 vaches laitières, avec 5 mois de pâturage intégral, qui achète 100 % de sa litière. L’achat de paille revient à plus de 21 000 €/an. L’achat de miscanthus en substitution de la paille permet un gain de 7 500 €/an dans cet exemple. L’autoproduction de miscanthus sur 7 ha (avec un rendement de 13 t brute) apparait encore plus économique.

1 1 350€/ha SFP = marge brute lait en AB estimée

2 800€/ha SFP = marge brute grandes cultures AB estimée (rotation : luzerne 2-3ans, maïs, blé, orge, méteil)

À l’échelle du système d’exploitation, la perte économique par l’occupation du miscanthus sur 7 ha, initialement destinés à la production de fourrages pour l’élevage laitier ou à la production de grandes cultures en AB, n’impacte pas les résultats économiques globaux. A noter que l’impact sur la fertilisation du système n’a pas été chiffré et pourrait réduire quelque peu ce bilan positif.

 

Impact sur la fertilisation du système et intérêts agronomiques et écologiques

Dans les systèmes en agriculture biologique, les effluents d’élevage sont une ressource précieuse de fertilisation organique. Or, en litière miscanthus (litière malaxée), les quantités de matière organique produites à l’échelle du système sont inférieures à celles en litière paille. Il existe peu de références sur les valeurs fertilisantes des fumiers en litière miscanthus. Les analyses dont on dispose présentent des valeurs sensiblement supérieures à un fumier de litière accumulée. Le C/N, plus élevé que celui d’un compost, témoigne d’un produit humique stable, dont les éléments nutritifs sont libérés lentement.
Concernant les besoins du miscanthus au champ, il est peu exigeant en éléments fertilisants : la restitution des feuilles au sol pendant l’hiver constitue un apport de matière organique non négligeable. Une fumure d’entretien peut s’envisager tous les 3 à 4 ans, après la récolte.
Cette culture pérenne, implantée pour 20 à 25 ans joue un rôle bénéfique sur la réduction du ruissellement et du lessivage des nitrates. C’est également un refuge pour la biodiversité.

 

Alimentation d’une chaudière polycombustible

Jean-Jacques PINGUET dispose d’une chaudière polycombustible de 50kW, alimentée en miscanthus. Sachant que 3,5 t de miscanthus équivalent à 1 000 l de fioul, le calcul est vite fait : avec un coût de production du miscanthus à 56 €/t, se chauffer au miscanthus est plus rentable. Mais la chaudière polycombustible est un investissement conséquent, à raisonner sur le long terme. 

Jean-Jacques PINGUET, à côté de sa chaudière polycombustible de 50kW, coût ~ 30 000€*. Des subventions existent.

*Coût indicatif variable selon le modèle, la puissance

 

Vous avez un projet ?
Chaque année, les Chambres d’agriculture de Normandie accompagnent et conseillent les agriculteurs de Seine-Maritime pour implanter des bandes de miscanthus sur leur parcellaire. Elles organisent ainsi des campagnes de plantations sur tout le département.
Pour bénéficier d’un conseil et d’une commande groupée de plants, contactez : 
- Marion BOUCHER – Chargée de mission Environnement : 07.62.64.49.54
- Bastien LANGLOIS – Conseiller Biomasse : 06.89.57.85.80