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Quelles prairies demain, face aux sécheresses estivales ?

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Une prairie temporaire semée sous couvert permet de limiter son salissement et de sécuriser son implantation

Le climat évolue : nos élevages vont devoir s’adapter… Oui mais comment ? Quels sont les leviers agronomiques à mettre en œuvre à l’échelle de l’exploitation pour mieux faire face aux sécheresses récurrentes ?

À l’occasion de la dernière porte ouverte Reine Mathilde le 21 octobre 2022, la conférence de Patrice PIERRE, en charge de la production de fourrages, de la gestion des prairies et du pâturage et des expérimentations fourragères à l’Institut de l’Elevage, a permis de mettre en lumières des pistes de solutions, à travers 6 leviers.

 

6 leviers à actionner pour gagner en résilience sur les prairies

Si la pousse de l’herbe se fait encore majoritairement au printemps (60 % de la production entre avril et juin), il se peut qu’il faille s’attendre à des pousses plus tardives (automne voire hiver) avec l’accentuation du dérèglement climatique. Pour anticiper ces changements, voici quelques leviers à actionner :
 

1 - Préserver le potentiel de vos prairies en juillet-août

Attention à la sur-exploitation ! Lorsque les vaches surpâturent sur des prairies grillées, la résistance des espèces fourragères à système racinaire superficiel est mise à mal (RGA, fétuques, dactyle…), des trous apparaissent, de nouvelles espèces non désirables à fort pouvoir de grenaison les colonisent et la prairie se meurt…

Attendre que la prairie soit bien repartie pour pâturer, afin de préserver la densité du couvert. Au besoin, limiter la dégradation à une seule parcelle et affourager plutôt que de tourner trop vite sur les parcelles et risquer de les surpâturer.
 

2 - Diversifier la composition de vos prairies

L’association Ray Grass Anglais + Trèfle blanc est très bien pour pâturer mais le RGA s’arrête de pousser au-dessus de 25°C. En y ajoutant de la fétuque des prés, de la fétuque élevée, de la fléole, du dactyle… on gagne en robustesse ! En rajoutant des légumineuses qui démarrent tôt comme les trèfles violets ou hybrides, on ajoute à ce mélange un véritable moteur azoté ! Et si l’on veut favoriser la pousse estivale, pourquoi ne pas ajouter luzerne et lotier…

Avec une prairie multi-espèces, on gagne en productivité au début du printemps, en augmentant la vitesse de la prairie au démarrage, et en production automnale. En été, les prairies multi-espèces vont avoir une capacité de résistance à la sécheresse, mais pas de production.
 

3 - Faire du report sur pied pour la période estivale

Le principe consiste à faire vieillir des repousses après les fauches de mai-juin, de manière à allonger la période de pâturage en période estivale. Pour assurer une valeur alimentaire correcte à ce stock d’herbe sur pied, il est nécessaire que les épis des graminées aient été supprimés pour garantir une proportion de feuilles importantes dans le couvert. La présence importante de légumineuses dans la prairie atténue sa baisse de valeur. On note une bonne capacité de repousse de la prairie dans les parcelles qui présentent de bonnes profondeurs de sol.
 

4 - Pâturer des luzernes en août

Avec néanmoins quelques précautions : la luzerne étant sensible au piétinement, éviter de pâturer en début de printemps mais préférer pâturer les repousses d’été, en laissant au minimum 5 semaines entre 2 passages. Ne jamais pâturer la luzerne en conditions humides, cela risquerait de diminuer sa pérennité. La luzerne se pâture de préférence au stade début floraison pour limiter les risques de météorisation. De même, il faudra veiller à une ingestion minimale de fourrage grossier avant le repas de luzerne.
 

5 - En juin, mettre en place des soudures d’été

Les plantes en C4 avec un métabolisme peu gourmand en eau, telles que sorghos, moha, millet, teff grass… peuvent compenser le déficit fourrager estival, mais il leur faut impérativement de l’eau en phase d’installation, ce qui n’est pas toujours gagné... Ces plantes, qui peuvent être semées après un méteil ensilé en juin (sol à 10-12°C), présentent souvent une valeur nutritive moyenne par rapport aux prairies temporaires mais peuvent représenter une opportunité en cas de déficit fourrager (production allant jusqu’à 7 à 9 TMS/ha).
 

6 - En octobre : sécuriser les implantations

On observe de plus en plus de journées caniculaires début septembre : les jeunes prairies risquent de lever et de souffrir du sec fin septembre. Il est préférable de semer une pleine dose de prairie avec une pleine dose de méteil la 1re décade d’octobre, et d’ensiler le méteil pour libérer la jeune prairie au plus tôt avant les sécheresses. Cette technique permet à la prairie de s’implanter tout l’hiver, sans risque de matraquage, et permet de limiter sensiblement son salissement. A Thorigné d’Anjou (49), sur la ferme expérimentale bio, cette association semée en automne permet de récolter 10 TMS/ha de méteil et de bénéficier de la pousse automnale de la prairie.

 

 

Le sorgho monocoupe, une plante intéressante pour « faire la soudure » mais qui a besoin d’eau au démarrage

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