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Un recensement agricole est encore utile

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Chemin agricole

Le recensement agricole, comme le dernier en 2020, ambitionne de produire une photographie complète de l’agriculture Il reste une source incontournable, mais de plus en plus complétée par d’autres approches.

Les recensements agricoles : une longue histoire, une longue évolution

Depuis le « Domesday book », ordonné par Guillaume le Conquérant pour recenser ses productions agricoles dans son nouveau royaume d’Angleterre, les recensements ont beaucoup évolué. En 1892, les premières opérations de recensements ont été conduites à partir d'estimations communales. Il faut attendre 1955 pour que soit réalisé le premier recensement de l'agriculture fondé sur des questionnaires individuels auprès des exploitants.

Au sein de l’Union Européenne, un règlement impose la réalisation du recensement dans les 27 États membres. Les périodes de collecte sont harmonisées. Un socle commun d’informations doit être transmis à Eurostat par l’ensemble des pays.
Les recensements n’ont pas perdu leur rôle prépondérant parmi l’ensemble des outils de connaissance de l’agriculture, même si d’autres sources de données sont apparues :la déclaration de surfaces pour la PAC en 1993, puis son informatisation quelques années plus tard, a permis de disposer des surfaces cultivées avec une précision de plus en plus grande. La généralisation de l’identification des animaux a permis de suivre en continu les cheptels animaux, notamment bovins. Enfin, pour suivre les actifs agricoles, la Caisse Centrale des MSA a développé progressivement un suivi statistique de ses ressortissants. 

Pour avoir une vision complète de l’agriculture, encore faut-il pouvoir connecter ces bases de données entre-elles, ce qui n’est pas une mince affaire : elle est réalisée pour des besoins d’études ponctuelles et pas du tout systématisée.

Le recensement de 2020 a innové

Le recensement 2020 a pris pour la première fois cet état de fait en compte, en pré-remplissant les surfaces cultivées et le cheptel animal. Pour la première fois également, le recueil des données a été réalisé en majorité par internet ou par téléphone. 

Et pour la première fois, toutes les données n’ont pas été récoltées sur toutes les exploitations : Le recueil des données a été réalisé sur un questionnaire « tronc commun » dans toutes les exploitations a permis de collecter 290 000 réponses. Et sur un questionnaire « complet », reprenant les questions du « tronc commun » mais avec des questions supplémentaires (« modules »), s’adressant à un échantillon représentatif d’exploitants (et non à la totalité des agriculteurs) au nombre de 100 000 environ

La collecte des données du Recensement 2020 s’est déroulée entre octobre 2020 et mai 2021. Son organisation a été perturbée par la pandémie de Covid-19. Celle-ci a retardé plusieurs activités. En 2020, le service statistique agricole a mobilisé les trois modes : internet, téléphone et face-à-face.

Les premiers résultats du recensement 2020 ont été publiés en décembre 2021. Il s’agit de résultats provisoires. Le Ministère de l’agriculture a prévu la publication sur le site Agreste des résultats définitifs courant 2022.

De nos jours, à quoi sert un recensement agricole ?

Régulièrement s’élèvent des voix pour contester l’utilité d’un Recensement agricole, à l’ère des bigdata, du cloud et des photos-satellites. La confrontation avec la réalité des chiffres montre que tout intérêt n’est pas perdu, loin de là !
Un dispositif statistiquement sécurisé : Le Recensement est une opération offrant des garanties statistiques et scientifiques, ce qui n’est pas le cas des fichiers administratifs utilisés par ailleurs, même lorsqu’ils sont exhaustifs
Une base de sondage pour des enquêtes ultérieures : Le recensement est l’occasion de remettre à jour tous les 10 ans une base exhaustive des exploitations du pays. Cette base servira aux services statistiques du Ministère de l’Agriculture pour des enquêtes entre 2 recensements (enquête structure, etc..).Elle sert aussi à recaler la Statistique Annuelle Agricole (SAA).

Certaines données sont introuvables ailleurs : C’est surtout le cas dans certaines productions agricoles de petites tailles, ou de formes particulières. On connait ainsi beaucoup mieux le tourisme à la ferme, les exploitations qui pratiquent la vente directe, la production d’énergie, les surfaces irriguées ou la surface de vergers et de légumes.

Pour d’autres productions : une occasion ratée : Les chevaux par exemple : Le seuil minimal de recensement pour les équidés a changé : il passe en 2010 de "au moins 1 jument poulinière " à "4 naissances d'équidés par an" en 2020. De ce fait le nombre d’équidés recensés dans les exploitations recule de 70 000 à 50 000 sans que l’on puisse bien savoir si ce recul est dû au changement de seuil de recensement. Une bonne part des équidés est élevée hors des exploitations agricoles telles que le définit le recensement. C’est aussi le cas pour les ruches, et pour les basse-cours par exemple.

Dans le recensement agricole, des données introuvables ailleurs

Le tourisme à la ferme : le recensement est l’occasion de connaître le nombre d’exploitations (toutes exploitations de + 1 ha) qui mènent une activité de tourisme à la ferme. Elles représentent 2,9% des exploitations normandes en 2020.Leur effectif a plutôt reculé de 2010 à 2020.

Tourisme à la ferme

Normandie

Manche

Calvados

Orne

Eure

Seine-Maritime

2010 : nombre d’exploitations

884

242

233

88

132

189

2020 : nombre d’exploitations

770

175

233

121

100

141

Part des exploitations (toutes) en 2020

2,9%

2%

4%

3%

3%

3%

Source : Agreste – Recensement Agricole 2020 (résultats provisoires)

La vente directe : le nombre d’exploitations pratiquant la vente directe d’une partie au moins des produits de l’exploitation est en hausse notable entre 2010 et 2020. 12% des exploitations normandes utilisent ce type de vente pour tout ou partie de leurs produits.

Vente directe

Normandie

Manche

Calvados

Orne

Eure

Seine-Maritime

2010 : nombre d’exploitations

2552

600

498

351

407

696

2020 : nombre d’exploitations

3279

825

747

495

467

745

Part des exploitations (toutes) en 2020

12 %

10%

14%

11 %

13%

16%

Source : Agreste – Recensement Agricole 2020 (résultats provisoires)

Les exploitations productrices d’énergie : le nombre de producteurs d’énergie a été multiplié par 6 en 10 ans (méthanisation, solaire, etc.…). 3% des exploitations normandes produisent de l’énergie en 2020.

 

Normandie

Manche

Calvados

Orne

Eure

Seine-Maritime

2010 : nombre d’exploitations

102

28

9

23

28

14

2020 : nombre d’exploitations

689

155

98

220

131

85

Part des exploitations (toutes) en 2020

3 %

2%

2%

5%

4%

2%

Source : Agreste – Recensement Agricole 2020 (résultats provisoires)

Davantage de vergers : par rapport aux statistiques dont on disposait avant le recensement, 1 000 hectares de vergers de pommiers et poiriers supplémentaires ont été recensés !

 

Normandie

Manche

Calvados

Orne

Eure

Seine-Maritime

2010 : nombre d’exploitations

1 831

458

471

499

209

194

2020 : nombre d’exploitations

1 679

452

446

307

275

199

2010 : surface

8 515

1 112

2 646

1 969

1 601

1 186

2020 : surface

9 817

1 406

2 811

2 066

2 364

1 170

Davantage de surfaces légumières :

Par rapport aux surfaces légumières déclarées à la PAC, un millier d’hectares supplémentaires ont été identifiées, soit un redressement de 13% !

 

 

Normandie

Manche

Calvados

Orne

Eure

Seine-Maritime

2010 : nombre d’exploitations

1 011

489

163

43

101

215

2020 : nombre d’exploitations

1 254

489

216

77

159

313

2010 : surface

8 263

5 985

695

56

489

1 039

2020 : surface

8 700

5 434

932

186

774

1 375

Source : Agreste – Recensement Agricole 2020 (résultats provisoires)

De nombreuses installations de maraîchers sur de petites surfaces ont eu lieu ces dernières années. Ces surfaces sont rarement déclarées à la PAC.

Les surfaces irriguées

Le recensement a permis de faire un point sur l’irrigation en Normandie. 14 000 hectares, soit 0,7% des surfaces agricoles reçoivent de l’eau d’irrigation. Les surfaces irriguées sont pour la moitié en grandes cultures, un tiers en légumes et pomme de terre.

 

 

Normandie

Manche

Calvados

Orne

Eure

Seine-Maritime

2010 : surface

11 069 ha

2 476

2 748

296

5 051

499

2020 : surface

13 984

2 308

2 909

746

7 065

956

2020 : Part de la surface totale

0,7%

0,5%

0,8%

0,2%

1,9%

0,2%

Source : Agreste – Recensement Agricole 2020 (résultats provisoires)