Une mise à l’herbe technique pour 2024

Les réserves utiles des sols sont pleines. Les conditions de portance sont parfois plus que limites et retardent la mise à l’herbe par endroits.

Les stocks d’herbe sur pied varient, eux, fortement avec des hauteurs d’herbe moyennes allant de 5.2 cm à 10.1 cm.

Mettre à l’herbe ou patienter ?

La réponse à cette question dépendra de la portance des sols, de la surface accessible, du stock d’herbe sur pied à l’hectare et de la qualité des chemins.

La stratégie différera entre deux élevages qui ont 8 cm de hauteur en moyenne mais l’un a 45 ares/VL tandis que l’autre a 15 ares/VL. L’urgence de la mise à l’herbe n’est pas la même partout.
Le niveau « faible » de la pousse de l’herbe pourra permettre de patienter dans les élevages à chargement élevé.

Quel est le risque de mettre à l’herbe malgré une faible portance ?

Les références sur la compaction par les animaux en conditions humides sont peu nombreuses mais montrent toutes un effet. La compaction des prairies par piétinement par les animaux existe et pourra pénaliser le rendement annuel. Les sols argileux-limoneux seraient plus sensibles avec un effet sur le rendement annuel de presque - 9 % et des effets sur 1 cycle pouvant aller jusqu’à - 20 %.

Même si la compaction, au moins superficielle, est inévitable avec une mise à l’herbe actuellement, des solutions permettent de réduire l’effet :

• un pâturage de courte durée de 2 à 4 h est préférable à un pâturage sur la journée. Pour rappel, avec un accès de 3 h par jour avec des horaires identiques, les vaches laitières sont capables d’ingérer l’équivalent de 2 kg MS/VL/h.
• Il est bien sûr conseiller de commencer par les parcelles les plus portantes. Il est préférable de réduire le chargement instantané (soit en jouant sur l’effectif ou la surface par jour) tout en limitant le nombre de jours à passer sur une même parcelle.
• Habituellement, la stratégie est de mettre les vaches dans les parcelles où la hauteur d’herbe est la plus importante. Dans des conditions de portance réduite, il est préférable de les éviter pour réduire le gaspillage.
• Idéalement, une entrée et une sortie différenciées dans les paddocks sont conseillées pour réduire l’impact. Avant tout, il faut éviter de pousser les animaux vers ou en dehors de la parcelle, pour ne pas accentuer la compaction.
• Enfin, les conditions pluvieuses de cet hiver rappellent l’importance de la qualité des chemins d’accès aux prairies.

Réussir la période de déprimage est un des points clés pour la qualité de l’herbe sur les premiers cycles de pâture de l’année. Cette année sera un subtil mélange entre déprimer le maximum de parcelles tout en limitant la compaction.

Erratum par rapport à l’article de la semaine dernière : la ferme expérimentale de l’INRAE au Pin au Haras dans l’Orne fait bien sûr partie de nos partenaires historiques du réseau de pousse de l’herbe en Normandie.

Emilie Turmeau - ELVUP