Le sorgho fourrager en Normandie est-il vraiment une plante intéressante ?

Contexte et objectif

Le programme d’expérimentation Fourrages (2020 2023) cherche à améliorer 3 axes :

• Améliorer l’autonomie fourragère et protéique des systèmes d’élevage
• Assurer un stock fourrager dans un contexte de réchauffement climatique
• Adapter ses pratiques aux enjeux sociétaux et environnementaux
   

L’objectif est d’identifier les mélanges, les différentes espèces (et variétés) adaptées aux conditions climatiques plus difficiles, ainsi que les conduites pour maintenir l’autonomie fourragère dans un contexte de réchauffement climatique au sein d’un territoire diversifié. Les sorghos fourragers monocoupe et multicoupe ont été retenus afin d’étudier cette plante tropicale, de suivre son comportement, son adaptation au territoire et climat Normand notamment dans des contextes pédoclimatiques séchants sur les années 2019 à 2022 en cours.

Description mise en oeuvre

Plusieurs plateformes ont été implantées à l’identique sur plusieurs territoires en 2020 pour les départements 50, 61 et 27. Puis une plateforme dans la Manche en 2021 et 2022. Vu l’engouement au niveau national que cette plante a suscité dès 2019, des parcelles agriculteurs ont également été suivies pour venir enrichir les informations (environ une vingtaine d’agriculteurs, 120 résultats de parcelles sur 3 ans).

En 2020, les plateformes contenaient 2 expérimentations: une comparaison de variétés de sorgho monocoupe par rapport à un maïs ensilage semis tardif de fin mai. Et une comparaison de différents mélanges et espèces eux aussi en récolte d’automne (sorgho monocoupe + vesce, lentilles, sarrasin, teff-grass, millet perlé, moha, sorgho multicoupes + trèfles…). 2021 s’est concentré sur des variétés monocoupes et des mélanges multicoupes+trèfles, dans la Manche. 2022 compare les mêmes variétés monocoupes implantées sur deux sols différents (un profond et un séchant superficiel).

Résultats

L’année 2020 a été particulièrement chaude et sèche. Seule la plateforme 50 a pu être récoltée et valorisée. Le site 27 a eu une attaque de corvidés, et les mélanges d’automne restant n’ont levé qu’en octobre! Le site 61 a levé et tout a grillé sur place après quelques jours. En 2021, le site 50 a vu des sorghos monocoupes versés, seuls quelques mélanges de sorgho multicoupes + trèfles ont pu être valorisés mais en une seule coupe. Pour 2022, l’année climatique ne présage pas grand-chose en terme de résultats de plateformes (en cours), et ce même dans la Manche.

Le rendement du sorgho monocoupe ne rivalise pas avec celui du maïs en Normandie, même en conditions climatique et sol difficiles. La régularité de profondeur au semis est gage d’une levée un peu plus homogène. Le plus difficile pour la conduite de cette culture étant la gestion du désherbage, car très lente d’implantation. Limiter l’écartement à 40cm. Pour l’ensilage, utiliser des variétés BMR car la valeur alimentaire est meilleure. Les multicoupes sont intéressants, récoltés avant épiaison et associés avec des trèfles pour apporter encore plus de protéines.

Reproductibilité

Le sorgho est un fourrage intéressant dans l’ensemble et par sa richesse en protéines par rapport à un maïs par exemple. Cependant il ne permet pas de remplacer le maïs dans nos contrées normandes, de par sa conduite qui n’est pas encore parfaitement maitrisée par les agriculteurs et du fait de son rendement bien souvent inférieur et très aléatoire.
Le sorgho monocoupe demande tout de même une attention particulière au niveau désherbage, le sorgho multicoupe semble plus approprié à se développer facilement dans les élevages, entre deux prairies ou à utiliser comme dérobées.

Contrat d'objectif régional sur les nouvelles pratiques agricoles