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Le chanvre technique bio : facile à cultiver, délicat à récolter

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L’association des producteurs de chanvre de Basse-Normandie et des départements limitrophes organisait cinq bouts de champs en Normandie pour échanger sur la culture du chanvre technique, c’est-à-dire destiné à la production de matériaux et de graines alimentaires. En voici les principaux enseignements.

Deux acteurs dans la filière chanvre technique en Normandie

L’association des producteurs de chanvre de Basse-Normandie et des départements limitrophes compte 55 agriculteurs et 400 ha de chanvre. L’association recherche les surfaces en chanvre et assure le suivi technique des parcelles.

L’entreprise Agrochanvre, située à Barenton dans le Sud Manche est spécialisée dans la transformation de paille de chanvre. Son fonctionnement est assuré par 8 salariés qui gèrent, transforment et commercialisent environ 2 500 tonnes de paille. Les producteurs se situent dans un rayon de 150 km autour de Barenton. Agrochanvre sépare la fibre de la chènevotte, et revend la graine car elle ne dispose pas d’outils pour la transformer à ce jour.

Une culture assez simple à conduire

Le semis est l’étape qui conditionne la réussite de la culture : un grand soin doit être apporté à la préparation de sol. Le semis a lieu autour du 20 mai avec de la semence certifiée : la culture du chanvre est réglementée. Pour ce débouché « technique » il faut semer 50 kg/ha soit 200 plants/m², à 2 cm de profondeur, sur un sol non compacté. Le semis doit idéalement être réalisé lorsque le sol est à 12°C minimum et qu’il présente une bonne humidité en surface. Utiliser le semoir à céréales, avec un inter-rang de 12 à 17 cm, puis rouler pour rappuyer le lit de semences. Dans les parcelles à cailloux, le roulage est crucial pour limiter la monté de pierres dans la presse à paille.

Cette culture n’a pas de ravageurs en cultures mais est appréciée des corbeaux et pigeons jusqu’au stade 4 feuilles. Elle ne nécessite pas de désherbage. Ses besoins en N-P-K sont de 100-100-150. En cas de précédent laissant un faible reliquat, un apport de 40 à 80 unités d’azote suffit : un excès d’azote peut entrainer de la verse et une récolte plus tardive.

Une récolte plus délicate

La récolte a lieu généralement autours du 15 septembre, avec une moissonneuse dont les éléments rotatifs sont protégés (le chanvre s’y enroulerait…). Il est très important de bien préparer la moissonneuse batteuse avant la récolte.

La récolte s’effectue le plus souvent en 2 fois. On récolte d’abord les graines, à 1,7 m de hauteur ; penser à vider régulièrement la trémie lors de la récolte pour éviter le phénomène de dôme. Puis la fauche de la paille intervient, à l’envers du sens de la moisson. Commencer par faucher les fourrières, idéalement 2 ou 3 jours avant le reste de la parcelle. Le pressage (round ou big-baller) intervient suite au séchage au champ : la paille de chanvre sèche plus vite que celle des céréales… Pour faciliter la récolte, privilégier des petits andains, bien secs. De nombreux outils de récolte (ETA, CUMA…) maillent le territoire normand pour permettre à tous de récolter paille et graines. Pour plus d’information, vous pouvez contacter l’association au 06 07 78 47 18.

Le séchage de la graine (ou chènevis) est très important pour stabiliser ses acides gras. A la récolte, la graine est à 20 % d’humidité : il faut la sécher et ventiler dans l’immédiat à 35-40°C pour la redescendre à 7 % d’humidité. Le séchage est réalisé dans des caissons mobiles, souvent auto construits ou à plat (éviter les séchoirs mobiles à maïs qui travaillent difficilement à basse température).

Le système racinaire du chanvre (pivot + chevelu racinaire) laisse une structure de sol souple, aérée, qui permet de semer la culture suivante sans labour. Les repousses éventuelles se gèrent en déchaumant, ou grâce au gel.

Compter un retour de 4 ou 5 ans entre 2 cultures de chanvre.

Rendements potentiels : 5 à 7 t/ha en paille bio et 9 q/ha en graines (entre 5 et 14 q/ha). Historiquement, les variétés ont été sélectionnées pour faire de la fibre, d’où les rendements modestes en grains. Actuellement, des variétés plus courtes et plus fournies en graines sont en cours de développement.

Une marge brute moyenne de 1 500 €/ha

Pour rappel, la marge brute = les produits de la culture - les charges liées à sa production.

Agrochanvre passe un contrat annuel avec les producteurs : la paille est achetée 140 €/t et la graine séchée et triée entre 800 et 1 900 €/t, selon sa teneur en matières grasses.

Compter environ 300 €/ha de coût de semences.

Si on délègue la récolte, compter :

- 200 €/ha pour la moisson.

- 100 €/ha pour la fauche de la paille.

- 5 à 8 €/ ballot pour le pressage (round baller classique, avec kit chanvre ou non !).


L’enlèvement à lieu :

- De décembre à avril suivant la moisson pour la graine.

- 12 à 18 mois après la récolte pour la paille : il faut pouvoir la stocker à l’abri, en ferme, et prendre en compte ce délais dans la gestion de la trésorerie.

Bilan :

Les atouts du chanvreSes limites

Culture couvrante, peu exigeante en intrants, excellent précédent (salissement et structure)

Stockage de la paille nécessaire pendant 12-18 mois, à l’abri à nécessite bâtiment et trésorerie

Les débouchés diversifiés soutiennent la demande en paille

Exportation en phosphore et potasse

Permet de diversifier la rotation en intégrant une culture d’été

Récolte délicate, en 2 passages

La marge/ha si double récolte paille + graine

Séchage de la graine nécessaire

Et le chanvre textile dans tout ça ?

En parallèle, la filière textile se développe dans les secteurs liniers, pour la valorisation de fibres longues dans le textile. La majorité des acteurs normands sont certifiés GOTS, label signifiant que le tissu final est composé de 100 % de fibres issues de l’agriculture biologique. Ses atouts agronomiques (le chanvre est un véritable levier de désherbage à lui seul) sont d’autant plus précieux dans les systèmes en agriculture biologique. Pour ceux qui sont intéressés par cette filière, l’important coût d’implantation nécessite de sécuriser l’itinéraire cultural. Ainsi, les Chambre d’agriculture de Normandie reconduisent la formation qui a rencontré un vif succès en juin dernier, avec l’intervention de l’association Lin et Chanvre Bio.

Voici les dates à venir pour la prochaine formation « Cultiver le chanvre textile » (1 jour) :

- le 21 novembre 2023 au Neubourg (27)

- A venir : une session en décembre en Seine-Maritime (76)

- le 19 janvier 2024 à Ifs (14)


Découvrez-en plus sur la formation chanvre textile 

Inscription auprès de Fabien Jouenne au 06 33 62 97 53

 

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