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Quelles valorisations possibles pour les veaux mâles laitiers en AB ? (2/2)

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Une enquête a été menée en mai dernier sur la valorisation des veaux mâles laitiers en AB auprès d’une vingtaine d’éleveurs de Seine-Maritime. L’objectif était de voir si un partenariat pouvait être envisagé entre des éleveurs naisseurs et des éleveurs engraisseurs de bovins laitiers à l’herbe et d’en mesurer les avantages et limites.

Présentation de l’enquête sur la valorisation des veaux mâles laitiers en AB réalisée auprès d’une vingtaine d’éleveurs de Seine-Maritime

 

Un exemple de partenariat en place

La SCEA de la FRERME, à Auquemesnil (76) a, pendant des années, élevé des veaux sevrés issus d’un élevage alentour, en parallèle de la production de pommes de terre.

Lorsque les fils se sont installés il y a 2 ans, ils ont mis en place un atelier de maraichage et ont revu l’ensemble du système suite à la conversion en AB. Les exploitants souhaitaient maintenir de l’élevage dans l’exploitation notamment pour l’apport de matière organique sur les cultures (même s’ils échangent déjà de la paille contre du fumier) et aussi pour valoriser leur tête de rotation ; la luzerne.

Avec la conversion en AB, ils se sont donc tournés vers l’achat de veaux sevrés auprès d’un éleveur en AB situé à une vingtaine de km du corps de ferme.

Modalités du partenariat

Pour la 3e année consécutive, ce sont 11 veaux mâles croisés Jersiais X Prim’Holstein ou Kiwi X Angus qui sont achetés auprès du même élevage laitier. Les veaux arrivent sevrés à environ 4,5 mois pour un prix de 450€/tête. L’élevage de naissance étant en vêlage groupé, l’écart d’âge maximal au sein du lot est de 1,5 mois. Le lot de veaux est transporté par le vendeur dans l’élevage acheteur fin mai – début juin.

Les veaux sont castrés au préalable par l’éleveur vendeur. Des prises de sang sont également réalisées chez l’éleveur de naissance. Les veaux ne reçoivent pas de vaccination.

Conduite des veaux/bœufs jusqu’à l’abattage

Les jeunes veaux nouvellement arrivés sont déjà familiarisés au pâturage car ils sont menés à l’herbe durant les 3 dernières semaines de la phase lactée dans l’élevage vendeur. 
Ils sont conduits en pâturage fil avant – arrière avec déplacement d’un bac mobile. Le risque parasitaire est maîtrisé par le pâturage tournant et des prairies non pâturées rases. Un vermifuge est administré aux veaux de 1re année en fin de saison de pâturage s’ils sont parasités. Il n’y a pas de prairie humide sur l’exploitation.

Les deux lots plus âgés (1 an ½ et 2 ans ½), sont conduits en pâturage tournant dynamique sur de la prairie temporaire et permanente. Les éleveurs se sont fixé la règle suivante : « 3 jours max par paddock, délai de 3 semaines de retour min, stade 3 feuilles des graminées à l’entrée dans le paddock pour pâturer ». Le modèle s’inspire du pâturage « techno ». Les paddocks de 10 à 12 ares permettent généralement au lot de 11 bœufs d’y pâturer pendant 2 jours. Ils changent ensuite de paddock et n’y reviennent pas avant 3 semaines. Il y a ~31 ares/UGB de pâturage accessible au printemps et 37 ares/UGB en été – automne. Les parcelles étant assez rectilignes, un réseau d’eau est en place le long de la clôture. Un bac mobile est ainsi déplacé à chaque mouvement du lot. 


En hiver, chaque lot reçoit la même alimentation mais sont dans des cases séparées. Ils sont nourris deux fois par jour avec 75 % luzerne (foin ou enrubannage), 20 % de foin, du blé aplati autoproduit et de la paille à volonté dans un râtelier. Le coût d’alimentation de la phase hivernale s’élève à environ 320 €/tête. Les animaux sont paillés tous les 2 à 3 jours. Les exploitants souhaitent simplifier au maximum le système. Ils estiment le temps passé autour des 22 bovins en hiver à environ 1h30 par jour.

Côté sanitaire, peu de problèmes sont observés. Les exploitants veillent au risque de météorisation durant les périodes à risque. Il leur arrive de distribuer un peu de paille en complément du pâturage, lorsqu’ils constatent que l’herbe est très azotée. Les mouches sont assez problématiques et causent des kératites sur les yeux de certains bœufs. Le recours aux antiparasitaires externes est parfois nécessaire sur prescription vétérinaire. La ration hivernale est légèrement déficitaire en Mg, les veaux sont donc complémentés en Mg sous forme d’un bolus. Des seaux de minéraux sont également distribués ponctuellement. Du sel est présent toute l’année.

Les exploitants visent un âge à l’abattage autour de 2 ans ½ à 3 ans. Les premiers bœufs seront abattus en septembre. A partir des premiers poids de carcasse obtenus, il sera intéressant de chiffrer la rentabilité de l’atelier. 

Les associés sont satisfaits de ce système d’engraissement à l’herbe alliant autonomie, maximisation du pâturage et optimisation du temps ; ils ne reviendraient pas en arrière.
 

Bœufs de 2 ans et 4 mois bientôt « finis » pour l'abattage. 100 % des bœufs seront valorisés en vente directe (1 bœuf / mois) en caissette à 15,5€/kg. La demande de la clientèle est assurée car déjà existante avec l’atelier maraîchage.

 

Camille LECUYER, conseillère AB, Chambre d’agriculture de Seine-Maritime